• En Russie, le feu approche de sites à risques

    Le Figaro

    Les 600 feux de forêts et de tourbières ont fait 50 morts et détruit 2000 habitations. Les autorités tentent de protéger les sites militaires menacés.

    Des dépôts de munitions ont été évacués dans les environs de Moscou. Une région irradiée au moment de l'explosion de Tchernobyl est également sous surveillance, notamment française.

    L'inquiétude n'en finit plus de grandir en Russie, où les températures particulièrement élevées cet été favorisent les incendies qui ont déjà fait 50 morts et détruits 2000 maisons. Jeudi, c'est autour de dépôts de munitions et d'un site nucléaire que l'attention s'est cristallisée.

    Menacés par le feu, particulièrement actif dans l'ouest du pays, des dépôts de munitions d'artillerie et de missiles situés à 70 km au sud-ouest de Moscou ont ainsi été transférés «vers un endroit sûr», a déclaré un porte-parole du ministère russe de la Défense. Dmitri Medvedev avait ordonné la veille de renforcer la protection des sites stratégiques après l'incendie d'une base logistique militaire près de la capitale qui aurait détruit quelque 200 avions, selon des médias russes.

     

    L'IRSN reste vigilant

    L'aggravation de la situation dans le sud-ouest du pays fait aussi craindre que les incendies n'atteignent une région dont le sol et les végétaux ont été irradiés lors de l'explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl en 1986. «Si un incendie s'y déclarait, des substances radioactives pourraient s'envoler avec la fumée et une nouvelle zone polluée apparaîtrait», a averti le ministre des Situations d'urgence Sergueï Choïgou, précisant que la zone était «surveillée attentivement».

    La France est elle aussi en état de vigilance face à cette possibilité. L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire a annoncé jeudi qu'il allait mesurer avec une «attention toute particulière» les particules qui pourraient atteindre l'Hexagone à la suite des incendies. L'institut précise dans un communiqué qu'il «pourra disposer dans quelques semaines des résultats de mesure» en cours, et assure qu'il les présentera « dès qu'ils seront disponibles». «En tout état de cause, les niveaux d'activité susceptibles d'être observés en France à la suite de tels phénomènes ne sont pas de nature à provoquer une inquiétude d'ordre sanitaire», précise toutefois l'IRSN.

    La situation semblait en revanche «stabilisée» aux environs du centre nucléaire de Sarov (région de Nijni Novgorod, à 500 km à l'est de Moscou), d'où les autorités ont affirmé mercredi avoir évacué les matières fissiles et explosives.

     

    Les exportations de blé interdites

    Le bilan des pertes humaines est passé jeudi de 48 à 50 morts après la découverte d'un corps dans une maison calcinée dans la région de Nijni Novgorod et le décès d'une autre victime dans un hôpital de la région de Voronej (500 km au sud-est).

    En raison de la sécheresse qui entraîne une énorme perte pour les récoltes, le premier ministre Vladimir Poutine a par ailleurs interdit les exportations de céréales jusqu'à la fin de l'année. La Russie est le troisième exportateur mondial de céréales, et les difficultés de son agriculture ont déjà contribué à une flambée des cours du blé sur les marchés mondiaux.

    De son côté, le maire de Moscou, Iouri Loujkov, a chargé le gouvernement régional de renforcer les mesures de sécurité anti-feu, après plusieurs incendies importants, et un feu de forêt dans un vaste parc de la capitale.

    Au total 162.000 personnes sont mobilisées pour combattre les 600 feux qui embrasent le pays. Nicolas Sarkozy a annoncé jeudi que les autorités françaises «se tenaient prêtes à répondre à toute demande d'assistance», selon un communiqué de l'Elysée. La France dispose d'avions bombardiers d'eau, tout comme l'Italie qui a déjà dépêché deux Canadair en Russie.


    votre commentaire
  • Une manifestation anti-G20 tourne aux violences à Toronto

    Des militants radicaux ont incendié et endommagé des voitures de police. Samedi et dans la nuit de samedi à dimanche, 480 personnes ont été interpellées.

    Des militants radicaux ont mis le feu à trois voitures de police, en ont endommagé au moins deux autres et brisé de nombreuses vitrines à coups de pierres, samedi à Toronto, en marge d'une vaste manifestation contre le sommet des pays industrialisés et émergents du G20.

    Les pompiers sont intervenus rapidement pour éteindre les incendies, allumés à quelques centaines de mètres d'une clôture de sécurité entourant le Centre des Congrès où les dirigeants du G20 se sont réunis dans la soirée.

    La police de Toronto a procédé samedi et dans la nuit de samedi à dimanche à 480 interpellations. Le chef de la police de Toronto, William Blair, a nié l'utilisation par la police de balles en caoutchouc, déplorant le vandalisme et le niveau de violence dont ont fait preuve certains manifestants.

    De nombreux manifestants ont d'ores et déjà été inculpés, a expliqué Gillian Van Acker, porte-parole de l'Equipe intégrée de sécurité, sans être en mesure de citer un chiffre précis.

    Dans la nuit de samedi à dimanche, des journalistes de l'AFP on pu voir des jeunes manifestants assis sur les trottoirs, les mains liées dans le dos avec des lacets de plastique, sous l'œil vigilant de policiers anti-émeute.

    «Violence délibérée»

    Le maire de Toronto, David Miller, qui souhaitait profiter des sommets pour promouvoir sa ville auprès des investisseurs du monde entier, a accusé un «groupe de criminels» de s'être livré «à de la violence délibérée, très difficile à contrôler».

    Auparavant, dans le cadre d'une marche autorisée et bien ordonnée, quelque 10.000 syndicalistes, écologistes, étudiants et défenseurs des droits des femmes avaient manifesté sous la pluie pour faire entendre leurs revendications aux dirigeants du G20. Le mot d'ordre d'unité a été répété avec enthousiasme par tous les orateurs et le gouvernement conservateur du Premier ministre canadien Stephen Harper vertement critiqué.

    «A bas les sommets»

    Cependant, les slogans et les objectifs ont été très variés, de la défense des plus pauvres à la dénonciation de l'exploitation des sables bitumineux, que le directeur de Greenpeace International, le Sud-Africain Kumi Naidoo, a qualifiée de «désastre du golfe du Mexique au ralenti».

    Plusieurs centaines de policiers, à pied, à bicyclette et à cheval, ont entouré la zone du rassemblement dans un grand parc, mais leur dispositif semblait moins lourd et l'ambiance était beaucoup moins tendue que la veille, lors d'une marche de groupes radicaux. Le nombre de manifestants a été d'au moins 10.000, a indiqué un porte-parole des organisateurs, Dennis Grunding, disant citer des indications du gouvernement de l'Ontario.

    Sid Ryan, président de la Fédération du travail de l'Ontario, a affirmé pour sa part que «ce n'était pas les travailleurs du monde qui avaient causé la crise financière» et que donc ce n'était pas à eux d'en faire les frais, alors que les manifestants l'acclamaient et brandissaient des pancartes déclarant «A bas les sommets», «Un monde meilleur est possible» ou «Vive le socialisme».

    AFP

     


    votre commentaire
  • Grolandaises, Grolandais,


    Nous allons devoir accepter une immigration massive en provenance de nos voisins français. Ceux-ci cherchent à tout prix à fuir leur pays, livré à la barbarie capitaliste.
    Je vous demande de les accueillir dans la pure tradition de notre si douce contrée, avec bières fraîches et cacahuètes. Mes chers concitoyens, merci pour votre solidarité, hips.'


    Captain Smart, vingt-troisième sous-adjoint chargé du développement de l'happy hour


    votre commentaire
  • La vie à Punta Arenas, à l'extrême sud du Chili, est rendue dangereuse par le trou dans la couche d'ozone. Malgré l'interdiction des CFC, ce trou n'a jamais été aussi vaste. Peu d'habitants tiennent compte des mesures de prévention et des alertes solaires, alors que le nombre de cancers de la peau a doublé en 10 ans.

    le reportage de Globalmag 

     


    votre commentaire
  • L'écologiste chinois Wu Lihong raconte ses conditions de détention

    Le Monde 

    Arrêté en avril 2007 pour avoir dénoncé la pollution du lac Taihu, dans le Jiangsu, l'écologiste chinois Wu Lihong a choisi de témoigner sur ses conditions de détention dans la prison de Dingshan, à Yishing, dans la province du Jiangsu.

    • Les conditions de détention

    Il est extrêmement difficile pour de moi de me remettre de ma détention, surtout psychologiquement. Pendant trois ans, j'ai été confiné dans une pièce sans fenêtre de seulement 20 m2, où il était strictement interdit de me parler. Si des prisonniers osaient me parler, ils étaient punis de dix claques dans le visage et une déduction de point, ce qui équivaut à un délai supplémentaire de trois jours à compter de la date de sortie d'origine. Je n'étais pas autorisé à me déplacer là où d'autres prisonniers le pouvaient.

    Deux caméras étaient installées sur le mur, j'étais donc surveillé de près par cinq ou six prisonniers. Ces "gardiens" étaient principalement des anciens chefs corrompus du Bureau de sécurité publique, ou du système judiciaire. Certains d'entre eux, qui avaient pu lire mon verdict, étaient d'ailleurs convaincus que ces comptes-rendus écrits étaient fabriqués de toute pièce.

    En prison, j'ai été placé sous la procédure dite de yanguan ("contrôle disciplinaire"). Je n'aurais pas dû être affecté à cette prison de ma localité, puisque j'y avais été en détention provisoire, mais ils ont quand même décidé de m'y garder, afin de pouvoir me contrôler. Ils disaient que c'était approuvé par le gouvernement.

    En prison, on m'a dit de me comporter de telle manière que je puisse être libéré un an et demi plus tôt. Mais en réalité cela ne s'est pas produit, puisque je n'ai pas cédé à leurs demandes en admettant toutes mes fautes et en baissant la tête. J'avais été condamné à trois ans de prison, et je n'ai obtenu aucune remise de peine jusqu'à la fin. Cependant, presque tous mes codétenus ont obtenu des remises plus ou moins importantes. Je suis le seul cas particulier, apparemment.

    • Le "contrôle disciplinaire" (yanguan)

    J'ai été placé sous la procédure de yanguan ("contrôle disciplinaire"), qui est illégale, du 12 novembre 2007 à fin mars 2010. Voici les divers choses que l'on vous impose :

    - Courir en cercles sous le soleil jusqu'à l'usure. Lorsque vous êtes à bout, deux personnes vous soutiennent et vous forcent à continuer.

    - Manger tous ses repas en moins d'une minute et demie. Les bols placés à même le sol, on doit crier "1, 2, 3", puis approcher. Vous êtes autorisés à manger autant que vous pouvez en une minute et demie. Tout en mangeant, vous êtes parfois obligés de chanter. Ainsi, tous ceux placés sous "contrôle disciplinaire" sont voués à mourir de faim.

    - Pour aller aux toilettes ou boire de l'eau, il faut le faire savoir et obtenir la permission de le faire.

    - Il est interdit de lire des livres ou des journaux. Vous n'êtes pas autorisés à avoir un stylo ou un papier avec vous à tout moment.

    La violence verbale est permanente. Les matons me disaient : "Ce n'est pas nous qui allons te faire du mal. Mais on peut demander à n'importe quel détenu de le faire." Ils récompenseront ensuite ce même détenu avec une remise de peine. Dans mon cas, ils ont demandé à un prisonnier particulier de me frapper, un jeune criminel violent du Nord-Est de la Chine.

    Il a par la suite obtenu une libération conditionnelle, ce qui est encore contraire à la loi, dans laquelle un criminel violent ne peut jamais obtenir de libération conditionnelle, encore moins sans permission du lieu où il a été jugé, c'est-à-dire dans son cas, le Nord-Est de la Chine.

    • Les relations sociales restreintes

    Le 5 ou 6 novembre 2007, le personnel pénitentiaire a proposé de négocier avec les membres de ma famille pour une libération conditionnelle, en contrepartie d'un versement d'argent. Ma famille a refusé.

    Plus tard, ils ont senti que mon cas était beaucoup plus compliqué, ils n'ont jamais plus fait ce genre de proposition. Concernant les autres détenus, d'après ce que j'ai entendu, la plupart des familles versent dans les 20 000 à 30 000 yuans (2 000 à 3 000 euros) pour obtenir une remise de peine.

    Il y avait environ 5 000 prisonniers là où j'étais détenu, et aucun d'entre eux n'était censé échanger ne serait-ce qu'une phrase avec moi. Comme je le disais, deux caméras étaient installées pour me surveiller.

    Contrairement à d'autres détenus je n'ai pas eu droit à des visites d'amis ou de camarades de classe entre 2007 et 2010. Je n'ai pas été autorisé à passer d'appels téléphoniques. Cependant, juste avant la date de sortie on m'a accordé un appel, donc j'ai finalement pu le faire une fois.

    Les visites des membres de ma famille se déroulaient ainsi :

    1) Deux employés doivent enregistrer notre conversation, par écrit et sur cassette.

    2) La discussion doit se dérouler seulement en mandarin – aucun dialecte n'est autorisé !

    3) En hiver 2008 (peut-être lors de la Fête du Printemps), alors qu'il neigeait beaucoup, ma famille s'est rendue à la prison pour me rendre visite. Ma femme a seulement eu le temps de me dire une phrase (moi, une ou deux), puis le téléphone a été coupé. C'est tout. Ainsi, la visite de trente minutes a duré seulement une ou deux minutes. En réalité ce scénario se produisait très souvent.

    • La souffrance physique

    J'ai été plus chanceux que certains, qui ont dû subir des coups de matraques électriques (un coup au moins, parfois quatre), des gaz irritant ou le "banc du tigre". Si un membre du personnel pénitentiaire nous parle, nous devons nous accroupir, en flagrante violation avec les lois de la RPC. Il n'y a aucune dignité du prisonnier.

    • La confession forcée

    Lors de ma détention par le Bureau de la sécurité publique en avril 2007 [après son arrestation], j'ai été emmené dans une pièce spécialement conçue pour la torture et les soi-disants aveux. C'est une chambre avec des parois en caoutchouc pour empêcher que le détenu se suicide.

    J'y ai été menacé avec les arguments suivants : "On va simplement mettre quelques kilos d'héroïne à ton domicile, et tu seras condamné" ; "On a des injections spéciales. Tu meurs, et le diagnostic est celui d'une hémorragie cérébrale. Tu veux essayer ?"

    Autres détails de la condamnation forcée :

    1) des gardes-à-vue de douze heures

    2) j'ai été menacé avec des aiguilles

    3) j'ai été fouetté avec des bâtons souples (la chemise était couverte de sang, mais chaque fois que je voulais la montrer au tribunal, on me l'a refusé)

    4) j'ai été brûlé aux mains par des cigarettes allumées

    5) j'ai reçu des coups de pieds au ventre…

    • Le procès

    Quand j'ai voulu protester, on m'a dit que tout ce que le Bureau de la sécurité publique avait fait était licite. Ils peuvent faire appel à de faux témoins, et avoir de fausses preuves autant qu'ils veulent. La Cour a tenu un procès à huis clos: deux cent places étaient disponibles mais mes parents ont été interdits de séance. Le procès a duré jusqu'à 21 heures. On s'était "occupé" de mon micro et celui de mon avocat durant tout le procès : ils étaient coupés.

    Nous avons exigé la présence du procureur pour un contre-interrogatoire, mais personne ne s'est présenté.

    Propos recueillis par Brice Pedroletti (traduction : Marine Campagne)


    votre commentaire
  • "Vous ne pourrez pas y échapper!" Le petit homme dans son costume sombre nous prévient: quoi que nous fassions, où que nous soyons, nous serons rattrapés. Pas par la milice non, mais par la coupe du monde (de foot, faut-il le préciser, la coupe du monde de badminton est plus discrète...) L'homme qui brandit cette menace est David Pujadas (jt, France 2, 10/05/10)

    Pujadas a raison. La coupe du monde est une entreprise totalitaire, portée par des multinationales peu philanthropes, manipulant la "passion" sincère des amateurs du ballon rond à des fins uniquement commerciales.

    Des amis auxquels je confiais récemment ma volonté de ne regarder aucun épisode (match) de ce spectacle (compétition) m'ont regardé d'un oeil quelque peu inquiet. Ne cédez pas à la normalité, au panurgisme, et pour certains vous souffrez de troubles psychologiques profonds. Cependant je sais que d'autres aussi vont "résister". Il nous reste un mois pour proposer des activités garanties 100 % sans foot, et pourquoi pas en profiter pour poursuivre la réflexion sur des solutions alternatives au modèle actuel, destructeur des hommes et de la biosphère.

    Je ne m'attarderai pas sur tout ce que cette industrie du foot-spectacle a de barbare. Je me contenterai simplement de rappeler deux faits. 1) Le 17 mars dernier, un supporter est décédé suite à une bagarre entre deux clubs rivaux de supporters de la même équipe (PSG). 2) En 2009, Thierry Henry a gagné 50500 € par jour. A côté, Didier Deschamps, actuel entraîneur de l'OM est un vrai loser avec seulement 150000 € par mois.

    Je n'évoquerai pas les délires chauvinistes, le matraquage publicitaire, la hausse de la consommation (télés, voyages, produits dérivés...) et sa suite logique de pollutions, le caractère immoral que comporte la mise en scène grandiloquente du capitalisme prédateur dans un pays où de nombreux pauvres s'entassent dans des bidonvilles.

    Le capitalisme tel qu'il est aujourd'hui est une barbarie. La coupe du monde est l'une de ses mises en scène les plus obscènes. Refusons d'en être les complices. 


    votre commentaire
  • Etonnant reportage en Chine, sur l'inexorable avancée des déserts, par deux journalistes canadiens (France 5)

     Fermiers et bergers chinois ont transformé à ce jour 400 000 kilomètres carrés de terres agricoles et de prairies verdoyantes en nouveaux déserts - soit l'équivalent des trois-quarts de la superficie de la France. Les bergers ont pratiqué le surpâturage des steppes, conduisant leurs moutons et chèvres à manger l'herbe jusqu'à la racine. Les fermiers, eux, ont défriché des prairies fragiles et pompé excessivement les rivières et les eaux souterraines donnant vie aux oasis.

    Le sol fertile, une fois dénudé, est emporté par les vents dans des tempêtes de poussière aux proportions historiques, s'abattant sur la capitale, Pékin, puis sur le Japon et la Corée. Certains nuages jaunes particulièrement gigantesques franchissent le Pacifique et atteignent l'Amérique du Nord. La perte du précieux sol arable pour l'agriculture chinoise devient source de pollution des villes du pays et d'une partie du monde.


    votre commentaire
  • Environ 10 millions de personnes de la région du Sahel sont menacées par une crise alimentaire aiguë, soutient Oxfam International. L'agence demande conséquemment aux pays développés de réagir rapidement « face aux premiers signes d'un désastre imminent ».

    La situation est particulièrement grave au Niger, l'un des pays les plus pauvres du monde, où 8 millions de personnes sont menacées, et au Tchad voisin, où 2 millions de personnes sont à risque. Des régions du Mali, du Burkina Faso et du Nigeria seront aussi touchées au cours des prochains mois, prévient Oxfam.

    Au Niger, les pluies irrégulières de l'année dernière ont fait chuter les récoltes de 26 % par rapport à l'an passé. Dans certaines régions, notamment à Diffa, dans l'est, et à Tillabéry, dans l'ouest, les récoltes ont été quasi inexistantes. Le prix du mil a conséquemment augmenté de 25 %, celui du sorgho, de 50 %.

    Les pluies ne sont pas attendues avant le mois de juin, et les prochaines récoltes ne seront produites qu'en septembre. Les prix risquent donc d'augmenter de manière constante, ce qui nuira particulièrement aux éleveurs.

    « Sans fourrage suffisant, les éleveurs feront tout pour vendre leur bétail, ce qui entraînera une baisse du prix des animaux. Cela signifie que pour chaque animal vendu sur le marché, les éleveurs auront moins de céréales pour nourrir leurs familles », prévient Hassan Bakaun de l'organisation AREN, un partenaire d'Oxfam au Niger.

    Oxfam invite les pays donateurs à répondre à l'appel à l'aide internationale lancé par le gouvernement du Niger. Quelque 123 millions de dollars sont nécessaires pour financer le plan d'urgence préparé par le gouvernement, indique l'agence internationale.

    Au Tchad, les récoltes ont chuté de 34 % par rapport à l'an dernier. Oxfam prévoit que les zones de Hadjer Lamis, Batha et Kanem, ainsi que les régions de Guéra et de l'est du Tchad seront gravement touchées, particulièrement à compter du mois de juin.

    Oxfam est déjà présente sur le terrain dans ces deux pays, ainsi qu'au Mali. L'agence distribue des vivres et tente de venir en aide aux agriculteurs. Au Niger, par exemple, elle soutient le prix du bétail en achetant des animaux au-dessus de leur valeur marchande.

    L'agence rappelle par ailleurs les problèmes survenus lors de la dernière grave crise alimentaire qui a frappé la région, en 2005. Elle appelle notamment les pays développés à ne pas ignorer les signaux alarmants qui proviennent de la région.

    Elle demande aussi aux pays voisins de ne pas fermer leur frontière avec le Niger, ce qui avait à l'époque limité la disponibilité des vivres et poussé l'inflation à la hausse, aggravant du coup la situation.

    Radio Canada

     


    votre commentaire
  • Un entretien passionnant!

    Marianne2, avec France Culture, présente une série d’entretiens d’Antoine Mercier avec divers intellectuels sur la crise économique. Pour clore la série, l'économiste et épistémologue Christian Arnsperger évoque la crise existentielle du capitalisme.

    Christian Arnsperger est Docteur en Sciences économiques (à l'UCL, Louvain-la-Neuve, Belgique) et a notamment signé en 2005 une "Critique de l’existence capitaliste, Pour une éthique existentielle de l’économie" (06/03) :

    pour lire l'entretien en pdf, ou l'écouter en streaming:  http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/dossiers/2008/regards-crise/report_fiche.php?report_id=270010078

    Antoine Mercier: Vous êtes économiste et épistémologue, chercheur au Fonds National de la Recherche Scientifique de Belgique. Vous affirmez que nous assistons à « une crise existentielle du capitalisme »… Qu’entendez-vous  par là ?

    Christian Arnsperger: Quand je parle de crise existentielle, je veux dire qu’en réalité les racines de cette crise sont existentielles et se trouvent en chacun de nous. On pourrait aussi parler d’une crise anthropologique. On oppose souvent crise financière et crise économique dans l’économie réelle. Je crois que ce n’est pas une bonne distinction parce que la finance n’est que la contrepartie plus abstraite de nos pulsions de possession et d’accumulation. L’argent qui circule dans la finance symbolise non seulement « mon pouvoir d’avoir » mais aussi mon  pouvoir  de commander le travail d’autrui à mes propres fins. Pourquoi chacun de nous aspire à ce pouvoir ? Pourquoi voulons-nous tous posséder et accumuler ? C’est parce que nous avons des besoins et nous avons aussi des envies. La logique géniale ou diabolique du capitalisme, est de jouer sur la confusion entre « besoins » et « envies ». Le capitalisme a fini par nous faire prendre nos envies pour des besoins. C’est pourquoi nous courons après la consommation et l’accumulation. Donc c’est un système qui crée des compulsions répétitives chez la plupart d’entre nous, en tout cas ceux qui ont les moyens de se payer certaines choses, et qui crée en même temps des inégalités structurelles. De surcroît, il introduit une obligation de croissance car toute cette machine se base essentiellement sur le crédit et l’endettement.  Nous sommes donc dans une sorte de machine infernale où ces trois éléments tournent en boucle.

    Antoine Mercier: Peut-on se passer de cette « machine infernale » ?

    Christian Arnsperger: On ne peut pas se passer de l’économie, mais on peut et on va devoir se passer du capitalisme. Cette crise existentielle de l’économie est une crise vraiment essentielle du capitalisme, le symptôme d’un malaise profond. La crise existentielle de l’économie à laquelle on assiste aujourd’hui, repose d’abord sur une crise de confiance. Les gens consomment moins, on a tendance à ralentir l’accumulation, l’investissement. Mais ce qui ressort de mes travaux de recherche en philo de l’économie, c’est que la consommation, l’investissement et l’accumulation capitaliste sont eux-mêmes un symptôme du manque de confiance fondamental dans la vie et dans l’avenir.


    Antoine Mercier: A partir de quand cette machine infernale s’est-elle mise en place ?

    Christian Arnsperger: En fait, le capitalisme a des racines religieuses anciennes. C’est une religion matérielle. Si je parle de crise existentielle c’est parce que nous ne pouvons pas nous passer, en tant qu’être humain, d’une réponse à notre manque profond, à notre angoisse existentielle, qui nous assigne notre humanité. L’expérience occidentale capitaliste était une tentative de combler cette angoisse d’être en lui fournissant de l’avoir.  Elle a longtemps donné des bénéfices et puis maintenant elle commence à montrer ses limites.


    Antoine Mercier: Qui sont les penseurs de cette tentative ? Adam Smith ?

    Christian Arnsperger: Adam Smith croyait en la providence divine. Il a certainement contribué à ce schéma, mais il n’a pas littéralement prétendu que la main invisible du marché était Dieu. C’est par la suite que les anthropologues et les philosophes ont pu échafauder cette idée, on pu l’approfondir.

    Antoine Mercier: On ne réalise pas spontanément que l’on se trouve dans un tel champ de croyance…

    Christian Arnsperger: Et pourtant, il est inévitable qu’il y ait un champ de croyance. Il nous faut une réponse à notre angoisse existentielle. Quand nos décideurs disent qu’il s’agit d’une crise de confiance  dans le capitalisme, ils ont raison. Il est vrai qu’au niveau superficiel du fonctionnement du système, se manifestent en effet des anticipations pessimistes qui se réalisent d’elles-mêmes parce que tout le monde croit que ça n’ira pas… il n’y a plus de prêts entre les banques, il n’y a plus de crédits de trésorerie d’investissement aux entreprises, l’emploi chute, la consommation chute, etc… Donc à court terme, superficiellement, c’est vrai qu’on a l’impression que le problème vient du manque de confiance des gens dans l’avenir.  Et l’on cherche à faire retrouver la confiance en nous faisant re-consommer et réinvestir. Or, je tiens le raisonnement inverse : c’est parce que l’on n’a pas confiance dans la vie et dans l’avenir, que l’on consomme, que l’on surconsomme et que l’on se lance sans arrêt dans une course compétitive. Ivan Illich aurait dit qu’on se fabrique des prothèses hétéronomes, c’est-à-dire des prothèses qui nous complètent, au lieu de travailler sur notre autonomie… L’autonomie nous est volée par le système alors qu’il nous la promet.

    Cela signifie qu’on a construit pendant des siècles une culture basée sur le remplissage matériel, et symbolique aussi, d’un vide existentiel profond qui nous fait progressivement prendre les biens matériels, mais aussi les images, les idées, pour ce que j’appellerais des biens spirituels. Et du coup, on fait mine d’avoir confiance dans la vie en accumulant, en consommant, alors qu’en fait cette accumulation et cette consommation sont radicalement des manques de confiance dans l’avenir et dans la vie même.

    Antoine Mercier: Combien de temps cette crise peut-elle durer ?

    Christian Arnsperger: Je pense qu’on ne peut pas le savoir parce que le capitalisme est devenu tellement complexe au sens scientifique du terme que c’est extrêmement difficile, voire impossible, à prévoir. Est-ce que ça peut recommencer comme avant ? Je le crains parce que nos décideurs politiques et économiques qui voient les choses à très court terme, se sont précipités dans des mesures de relance… Est-ce qu’elles seront suffisantes ? C’est une question… mais en tout cas elles pourraient marcher et alors je pense qu’on raterait en fait une opportunité ! C’est un peu triste à dire, mais souvent les crises dans l’existence d’un être humain sont des opportunités à la fois de souffrir et de changer fondamentalement les choses…


    Antoine Mercier: Est-il imaginable que tout reparte sans que les symptômes de cette crise « existentielle » réapparaissent  à plus ou moins long terme ?

    Christian Arnsperger: Ils vont réapparaître. En vérité on a le choix entre deux remèdes. Un remède choc qui consiste à administrer à la machine économique un antibiotique tel que le virus endémique soit éradiqué, mais alors on sort du capitalisme… ou bien…un remède qui est celui qui a été choisi et qui consiste à mettre le malade sous perfusion. Le virus pourra continuer à agir dans l’organisme et va donner lieu à des rechutes constantes et permanentes, mais qu’on utilisera à chaque fois comme prétexte pour une nouvelle relance…Mais, en principe également, on pourrait assister à un scénario où plus personne ne veut des bons d’Etat américain, par exemple, ou français, ce qui précipiterait vraiment les Etats dans des catastrophes budgétaires majeures. L’affaire grecque n’est qu’un micro exemple de ce qui pourrait se passer à beaucoup plus grande échelle.

    Antoine Mercier: Que peut faire pour en sortir?

    Christian Arnsperger: Il y a deux choses essentiellement à faire : d’une part, promouvoir par l’éducation, par les médias, une nouvelle vision de l’éthique et, d’autre part il est très important de promouvoir chez les citoyens que nous sommes un sursaut d’autocritique parce que nous sommes tous partie prenante dans ce système. Il ne faut pas croire qu’il y a les méchants et les gentils. Nous sommes tous, en tant que consommateurs, investisseurs, rentiers, partie prenante dans ce système d’angoisse.

    Je propose la mise en œuvre de trois sortes d’éthiques. Premièrement une éthique de la simplicité volontaire, un retour vers une convivialité beaucoup plus dépouillée… Deuxième éthique : une démocratisation radicale de nos institutions, y compris économiques, allant jusqu’à la démocratisation des entreprises… Et troisièmement : une éthique de l’égalitarisme profond, allant jusqu’à « une allocation universelle », c’est-à-dire un revenu inconditionnel de base versée à tous les citoyens…

    Antoine Mercier: Croyez-vous que les politiques pourraient-être influencés par ce discours ?

    Christian Arnsperger: Politiquement, évidemment, ce genre de chose ne fait pas recette.  Mais il s’agit plutôt de créer un mouvement.  Je ne crois pas tellement pour l’instant au passage par le politique traditionnel. Ma visée consiste à toucher les mouvements citoyens qui sont beaucoup plus à même de prendre en main un destin collectif. Les politiques sont dans le court terme parce que c’est ainsi que la démocratie fonctionne. Ils ne sont pas capables d’envisager des grandes réformes qui sont toujours venues de la démocratie elle-même, des mouvements citoyens qui ont pris en main les idées philosophiques construites par certains intellectuels qui étaient au service du citoyen. Souvent la critique du capitalisme passe par des idées tout de suite politiques : il faut changer les règles du système, il faut… très bien, mais les règles du système ne seront pas endossées par les gens s’il n’y a pas un changement des mentalités. Je pense qu’il faut un changement vraiment radical de vision, de compréhension de ce qui nous fait participer à ce système

    Antoine Mercier: Si on arrête de consommer, si on ne peut plus consommer, qu’est-ce qu’on fait de notre angoisse ?

    Christian Arnsperger: Toutes les grandes traditions spirituelles, je ne dis pas nécessairement religieuses au sens étroit du terme, mais spirituelles, on de tout temps proposé des réponses à cela. Lisez Gandhi, lisez les Evangiles, lisez tout ce que vous voulez là-dessus. D’ailleurs, croyez-moi, les librairies sont pleines de réponses. Dans les voies du changement intérieur, on essaie de se recréer une authentique capacité de vivre une vie autonome.

    Antoine Mercier: Qu’entendez-vous par « vie autonome » ?

    Christian Arnsperger: Il va de soi que je ne fais pas du tout un plaidoyer de l’individualisme, de l’isolement, de l’autosuffisance. Je me réfère au très grand philosophe Ivan Illich qui devrait d’ailleurs être remis d’urgence au goût du jour ces temps-ci. L’idée générale, c’est qu’il faut recréer une convivialité critique. Chacun doit conquérir personnellement son autonomie, chacun doit faire un travail de déconditionnement, une autocritique de sa complicité avec le système. Cela passe par un ancrage dans la localité et dans le partage du pouvoir, dans une éthique que j’appelle non pas communiste ni communautariste mais plutôt une éthique « communaliste » qui débouche sur une simplicité volontaire et une démocratisation radicale se traduisant par une relocalisation de l’économie. Il ne s’agit pas de devenir protectionniste où auto-suffisant. L’être humain, qu’on le veuille ou non, est un être d’ancrage. Simone Weil disait « un être d’enracinement ». Or l’enracinement se perd dans le capitalisme mondialisé. Il faut le retrouver dans un travail de recherche personnelle avec le soutien d’une commune, comme on disait au 19ème siècle.

    Antoine Mercier: Cela ne risque-t-il pas d’être récupéré sur un mode contraignant politiquement ?

    Christian Arnsperger: N’importe quoi peut être récupéré. On est bien d’accord qu’il faut tout le temps être vigilant à ce sujet. Les nouveaux militants doivent être des êtres libres. Il y a un aspect anarchiste, un aspect d’émergence à partir de la base. Il ne s’agit pas de donner ce genre de programme en pâture à un parti politique. Ce n’est pas un projet politique au sens traditionnel, c’est un projet citoyen. Et ce n’est pas non plus un projet contraignant qui appellerait directement des législations, des lois. Certains parlent de mesures telles que le Revenu Maximum Autorisé, le RMA. Je pense cependant qu’il vaut mieux que ce genre de choses s’instaure de soi-même. Certains intellectuels de gauche vont me dire : « oui, mais tu es complètement idéaliste, ça n’ira jamais, les gens ne le feront jamais ». Alors si les gens ne le font jamais, il faut peut-être se résoudre à ce que le capitalisme soit le moins mauvais système. Moi, je crois vraiment dans l’émergence citoyenne et non dans la contrainte politique traditionnelle.

    Antoine Mercier: Y-a-t-il des pionniers en la matière ?

    Christian Arnsperger: Absolument…Il se développe maintenant, par exemple, ce qu’on appelle « des groupes de simplicité volontaire ». Il s’agit  de groupes de gens de tous âges, de tous horizons, plus ou moins fortunés, qui se réunissent sans contrainte pour partager des expériences de tentatives de simplification de leur existence, sur fond de réflexion sur le sens du système. Et ça se fait absolument spontanément…

    Antoine Mercier: Par exemple, qu’est-ce qui revient le plus souvent dans cette réflexion sur la simplification de l’existence des personnes ?

    Christian Arnsperger: Simplement la question de l’encombrement. Chacun se pose la question psycho-spirituelle de son « aliénation ». Comment est-il possible que je sois aussi encombré, que je doive faire dans ma vie ce qu’Ivan Illich appelait « autant de détours contreproductifs » ? Comme fais-je pour perdre ma vie à essayer de l’améliorer alors qu’en réalité l’amélioration nette est quasi nulle, voire même négative parfois ? Donc les gens se posent des tas de questions sur la façon de désencombrer leur vie, la façon aussi de ne plus collaborer à la logique ambiante : «  est-ce que je dois investir mon argent ailleurs, est-ce que je ne dois plus investir mon argent, mais alors qu’est-ce que je dois en faire, est-ce que je dois gagner moins, ne plus rien dépenser ? » Il y a des tas de questions qui peuvent paraître un peu naïves au départ, mais qui sont en réalité extrêmement poignantes.

    Antoine Mercier: Cela concerne quel milieu social principalement ?

    Christian Arnsperger: Tous, c’est qui est surprenant. Dans les années 60-70, les milieux hippies étaient plutôt des milieux jeunes, aisés. Ce qui explique d’ailleurs que le mouvement hippie a donné lieu au consumérisme des années 80 ! Aujourd’hui, cela touche des grands-parents, des jeunes, des profs, des gens vraiment de tous horizons, même des gens fortunés. On constate que le spectre social, sociologique, est vraiment étonnement large… Et le mouvement prend de l’ampleur.

    Antoine Mercier: Et tout cela ne va pas faire un monde ennuyeux ?

    Christian Arnsperger: Pas du tout… ça fera enfin un monde convivial, débarrassé des compulsions dans lesquelles nous nous empêtrons pour l’instant…

     


    votre commentaire
  • Comment Alcatel se connecte à la junte birmane

    En tournant un documentaire clandestin pour Canal+ en Birmanie, Paul Moreira a découvert que le groupe français collaborait avec les généraux.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique