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  • Pierre Bourdieu


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  • "Les élites ont leur religion à elles, qui a pour nom: science économique. Cette science économique est un discours de type dogmatique, qui ne repose pas sur des faits."

    "Il faut empêcher la circulation libre des capitaux purement spéculatifs."

    "L'Amérique ne va pas se réindustrialiser, et plus aucun pays ne va se réindustrialiser. Dans les grandes lignes d'assemblage des lignes de voitures il y a maintenant trois êtres humains. Aux Etats-Unis sur les 20 dernières années, 17% des pertes d'emplois sont dues à la délocalisation. Les 83% restants sont dus à la mécanisation, aux robots, aux logiciels, à l'intelligence artificielle."

    Paul Jorion

     


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  • Sud-Ouest-Dimanche, 25 mars 2018

    Les sentinelles du désastre

    Bloqué jeudi à Paris par cette journée de grève et de défilés, j’ai surtout pensé aux professions qu’une logique pressure et, à la limite, démolit peu à peu. Je pense bien sûr aux infirmières, aux aides-soignantes et à ces milliers de femmes qui tiennent à bout de bras les établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). Certes, je n’ai pas oublié les autres catégories sociales, mais celles-là sont emblématiques de ce qu’il faut bien appeler une pathologie de la rentabilité.
    Comment parviennent-elles à tenir le coup ? Quel courage les habite pour, jour après jour, veiller sur les personnes âgées dont elles ont la charge en étant obligées de compter les minutes, voire les secondes. Toilette, ménage de la chambre, soins, rangement... Ces sentinelles du désastre sont au bord de l’épuisement et du désespoir. Elles sont emblématiques d’une fracture effarante.
    Seuls les myopes volontaires oublient de prendre la mesure du gouffre qui s’accroit aujourd’hui entre le monde des décideurs et commentateurs (dont nous faisons partie) et ceux qu’on appelle, avec une once de dédain, les « classes populaires ». Entre ces deux univers, la distance approche aujourd’hui du point de rupture. Tandis qu’on disserte à l’infini sur les chances de Tartempion à telle élection partielle, pendant qu’on fait doctement l’exégèse du énième sondage, ou que l’on compte sur ses doigts le nombre de manifestants dans un défilé, un immense frisson traverse la France entière. Il est chargé d’humiliations refoulées, d’injustices ravalées, d’épuisement conduisant au « burn-out ».
    Une telle barbarie sociale est imposée par une arithmétique comptable sottement appliquée. Elle apparaît plus inimaginable encore quand on la rapproche d’autres données chiffrées. Veut-on un exemple ? Ces dernières semaines nous avons appris que les profits engrangés par les entreprises du CAC 40 avaient augmenté de 26,5 % en 2017 et battu un record : cent milliards d’euros ! Du jamais vu depuis 2007. Mais ce chiffre reste abstrait. Rendons le plus concret. Il représente plus de dix fois le budget du ministère de la santé (9 milliards) ; il correspond à quatorze fois celui du ministère de la justice (7 milliards) et presque trois fois celui de la Défense nationale (34,2 milliards).
    Les privilégiés sont hyper-riches, les états sont pauvres. Ce n’est pas tout. Un champ de bataille est négligé, celui du langage. Si les citoyens n’écoutent plus les discours ; s’ils boudent l’homélie répétitive des grands médias, c’est — aussi — parce qu’une langue commune est en ruine. À côté des nouveaux milliardaires que les peuples accusent de leur avoir fait les poches, ont pris place leurs complices : les voleurs de mots. Dans une démocratie d’opinion, le langage et le vocabulaire deviennent des lignes de front. C’est là qu’il faudrait monter la garde.
    Les exemples ne manquent pas : la façon dont le mot « populisme » a été transformé en arme de dissuasion massive contre les peuples ; le tour de bonneteau qui a permis de remplacer le mot « capitalisme » par celui, moins répulsif, de « libéralisme » ; la formule « cercle de la raison » inventée jadis par Alain Minc pour faire croire aux citoyens que les marchés étaient plus raisonnables que les élus, etc. Ajoutons les risibles éléments de langage fournis aux ministres en exercice et qui transforment ces derniers en robots radoteurs de la « Guerre des étoiles ».
    Au mot gouvernement, on préfère celui de « gouvernance » ; à la réglementation, on a substitué la « régulation » ; quant à la volonté politique elle se voit rebaptisée « volontarisme ». Ces trois mutations terminologiques ont été benoîtement acceptées par tous, à droite comme à gauche. Misère ! Elles surdéterminent le patois politique ordinaire. De cette façon, par le truchement du langage, on peut désarmer en douceur n’importe quelle démocratie. Comment ? En l’empêchant mentalement de résister au despotisme irréfléchi du marché.
    Au secours !

    Jean-Claude Guillebaud


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  • à écouter à partir de 15mn50

    http://www.lesconvivialistes.org/


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