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  • LE MONDE | 19.05.2016

    Depuis 2008, le Texas a triplé sa production combinée de gaz et de pétrole. Dans la même période, la moyenne annuelle de séismes a été multipliée par six, passant de 2 à 12 secousses d’une magnitude égale ou supérieure à 3, le seuil à partir duquel un séisme est ressenti par l’être humain. Selon une étude publiée mardi 17 mai dans la revue Seismological Research Letters, un lien direct est établi entre l’activité sismique et l’exploitation de gaz et pétrole de schiste. Mais l’impact des activités pétrolières et gazières sur l’activité sismique remonte bien avant 2008, révèle également l’étude. Le secteur des hydrocarbures provoque des séismes dans l’Etat texan depuis 1925.

    Les chercheurs, menés par le sismologue Cliff Frohlich de l’université du Texas, ont comparé la survenue des séismes et les activités pétrolières. En observant plusieurs facteurs (données géographiques, indicateurs de profondeur, etc.), ils ont mesuré la probabilité, pour chaque séisme, d’être « induit », c’est-à-dire provoqué par l’homme. Résultats : sur les 162 séismes d’une magnitude supérieure à 3 relevés au Texas depuis 1975, « 42 (26 %) sont presque certainement induits, 53 (33 %) sont probablement induits, 45 (28 %) sont possiblement induits, et seuls 21 sont tectoniques [donc d’origine naturelle] ».

    Le Texas, fer de lance du pétrole américain

    Au fil des décennies, les technologies utilisées par l’industrie du pétrole ont évolué. Des premiers forages, on est passé progressivement à l’injection massive d’eau dans le sous-sol afin de faire remonter le pétrole. Depuis le début des années 2000, la fracturation hydraulique s’ajoute aux autres procédés. Grâce à cette méthode, qui consiste à injecter à haute pression un mélange d’eau, de sable et d’adjuvants chimiques pour fissurer les formations schisteuses, les compagnies américaines peuvent exploiter les ressources emprisonnées dans la roche mère.

    L’essor de fracturation hydraulique a permis aux Etats-Unis de détrôner en 2014 l’Arabie saoudite de son titre historique de premier producteur mondial de pétrole. Dans cette nouvelle donne énergétique, le Texas joue un rôle de fer de lance en produisant plus d’un tiers du pétrole brut américain.

    L’étude publiée le 17 mai relie chacune de ces technologies à la survenance de séismes. Si l’augmentation des séismes depuis 2008 ne découle pas directement de la fracturation hydraulique, elle est clairement reliée à la gestion des eaux usées utilisées pour les besoins de la fracturation. « Pour fissurer le schiste et ainsi récupérer le pétrole ou le gaz emprisonné, la fracturation nécessite de grandes quantités d’eaux injectées à haute pression », commente Pierre Thomas, professeur de géologie à l’Ecole normale supérieure de Lyon.

    La réinjection des eaux usées en cause

    Une fois utilisées, que deviennent ces eaux usées ? « Dans certains pays, on les rejette dans des rivières, continue M. Thomas. Aux Etats-Unis, soit on les réutilise pour une nouvelle fracturation, soit on les réinjecte dans le sol afin de les stocker en profondeur. » Ce sont ces activités qui, en modifiant la pression et la sismicité du sous-sol, peuvent provoquer des séismes.

    Lire aussi :   Impact environnemental, pays importateurs, sécurité… trois questions sur le gaz de schiste

    Les tremblements de terre induits enregistrés au Texas, principalement de faible intensité, ne sont généralement pas ressentis. Néanmoins, quatre d’entre eux ont dépassé 4,6 sur l’échelle de Richter, faisant craindre la perspective d’une puissante secousse à venir. « Dès qu’on perturbe le sous-sol, on provoque des instabilités, détaille François-Henri Cornet, géophysicien à l’université de Strasbourg. Et plus l’exploitation est profonde, plus les risques sismiques peuvent être importants. » Or, le gaz de schiste se trouve généralement à des profondeurs plus importantes dans le sous-sol que le gaz conventionnel.

     

    Cette étude fait suite à un rapport publié en mars par l’Institut américain de géophysique (USGS), selon lequel environ sept millions d’Américains sont menacés par des séismes provoqués par l’homme, principalement dans les Etats de l’Oklahoma et du Texas.

    Le lien entre séisme et fracturation hydraulique n’est pas une originalité texane. Il s’est vérifié dans les Etats de l’Ohio et de l’Oklahoma, et en territoire canadien. En Oklahoma, le risque sismique s’avère d’ailleurs beaucoup plus élevé qu’au Texas : en 2015, on y enregistre trois séismes de magnitude proche de 3 chaque jour. Malgré ces études, « nous manquons toujours d’informations sur le sujet, déplore Normand Mousseau, physicien à l’université de Montréal et auteur de La Révolution des gaz de schiste (Editions Multimondes, 2010). Faute d’études de grande ampleur, les effets à moyen et long terme de l’exploitation du sous-sol restent inconnus. »

    La France et l’Europe concernées

     

    L’Europe et la France sont également concernées par la problématique. « Même sans extraction de gaz de schiste, des séismes peuvent être provoqués par l’homme, développe Pierre Thomas. En France, le récent séisme de magnitude 4 enregistré dans les Pyrénées-Orientales peut être relié à l’activité gazière importante du bassin de Lacq. » Découvert dans les années 1950 et exploité jusqu’en 2013, ce gisement a alimenté en gaz naturel des foyers à travers toute la France. En réaction, une importante activité sismique s’est développée dans la région.

    Outre l’exploitation du sous-sol, « d’autres interventions humaines, comme la construction de barrages, peuvent engendrer des tremblements de terre, indique M. Cornet. Le séisme qui a fait plus de 80 000 morts dans la région chinoise du Sichuan, en 2008, serait dû à la construction d’un barrage hydroélectrique. »

    Olivier Levrault

    • Journaliste au Monde

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  • Le dieu pétrole dévore le Canada, par Nancy Huston

    LE MONDE | 14.06.2014 à 08h54 • Mis à jour le 31.10.2014 à 10h05 | Par Nancy Huston

    Je suis chez moi, et hors de moi. En encourageant le développement à outrance des industries pétrolières de l'Alberta, Stephen Harper, le premier ministre canadien, met l'humanité en péril. L'humanité de ma province natale, et l'humanité tout court.

    Pour l'instant, peu de Français le savent : l'extraction du bitume des sables dans l'ouest du Canada est l'entreprise humaine la plus importante de la Terre. Le potentiel pétrolier de ces sables est estimé à 2 500 milliards de barils, assez pour nous nourrir en or noir, au rythme insensé où nous le consommons, pendant encore deux siècles et demi.

    La façon de nommer ce site vous oblige déjà à vous en montrer solidaire : la majorité des Albertains a adopté le terme officiel de sables pétroliers ; seuls les écolos persistent à les appeler sables bitumineux. Mais ce que l'on extrait des sables, grâce à différentes techniques coûteuses en énergie et polluantes, est bel est bien du bitume ; pour transformer en pétrole cette substance gluante, puante et corrosive, il faut l'acheminer jusqu'à des raffineries en Chine, au Texas ou au Québec par des oléoducs follement chers et forcément fuyants.

     UN DÉLIRE DE DÉVELOPPEMENT INDUSTRIEL

    Utilisées par les Amérindiens pour colmater leurs canoës, appréciées dès la découverte de ces terres par les Européens au XVIIIe siècle, exploitées à une échelle modeste dès les années 1970, ces vastes réserves ont déclenché depuis 2000 un délire de développement industriel. Des dizaines de compagnies s'arrachent des parts du gâteau. La population de Fort McMurray, son épicentre, a décuplé en quinze ans, et ce sans compter les dizaines de milliers d'hommes concentrés dans des camps de travail.

    « Vous avez entendu parler des effets de la crise de 2008 au Canada ? », nous demande le jeune Marocain qui, dans un centre commercial à Fort McMurray, tient avec quelques amis libanais le… Havana Café. Il pose devant une photo du Che et fait mine d'allumer un cigare cubain. « Pas de crise ici ! » Lui-même vit à « Fort McMoney » depuis sept ans et ne se voit pas rentrer de sitôt : comment trouver au Maroc un emploi rémunéré 14 euros de l'heure ?

    Pendant l'hiver aussi rigoureux qu'interminable sous ces latitudes (de septembre à avril), la température descend souvent à – 50 oC. Nous sommes au mois de juin, un des rares mois à peu près cléments de l'année, ce sont des jours de semaine, en pleine période scolaire… Or les rues de Fort McMurray restent désertes. Cent enfants naissent ici chaque mois, mais ils voyagent apparemment en voiture comme tout le monde, car on a beau sillonner la ville, on ne voit ni poussette ni vélo, encore moins de jeunes piétons…

    La comparaison avec la ruée vers l'or est galvaudée, mais juste : les gens viennent de loin pour vite s'enrichir. Tous les accoutrements de l'humanité sont là, mais il manque son essence : un certain don pour vivre ensemble. Certes, on peut trouver partout en Amérique du Nord, se jouxtant dans un même centre commercial, de mauvais restaurants chinois, mexicains, italiens, des supermarchés, stations d'essence et laveries automatiques ; le problème, c'est qu'ici, outre les maisons plus ou moins cossues, à pelouse parfaite et à garage géant, la ville semble ne comporter que des centres d'achat, émaillés de quelques hôtels et banques. Un « centre culturel » vient d'être échafaudé sur une île au milieu de la rivière Athabasca qui sillonne la région ; toutes les distractions y sont réunies : terrains de foot, piscines, bibliothèques, gymnases, pistes d'athlétisme

    « BIG IS BEAUTIFUL »

    L'omniprésence de mots positifs souligne cette absence grave de communauté. Be Unique (« soyez unique ») ! hurlent des panneaux d'affichage. Moineaux ! Aurores boréales ! Les mots bucoliques compensent la destruction massive de la nature. Sommet ! Quête ! Eden pur ! Les noms de marque exaltants démentent la bassesse irréparable de ce qui se passe ici, un viol de la terre qui empoisonne l'eau et l'air de manière irréversible. La nourriture est grasse et sucrée, indigérable… et coûteuse. Atmosphère ! Feeling ! La malbaise est à l'image de la malbouffe, ce que reflète le taux record de syphilis à Fort McMurray. Comme partout où les hommes se trouvent en surnombre et seuls, les femmes économiquement désavantagées viennent à la rescousse : l'annuaire propose dix pages de services d'escorte ; un site Internet contient deux mille petites annonces d'hommes, précisant brutalement les prestations sexuelles recherchées ; les couloirs de l'université sont vides, les librairies aussi ; en revanche, la boîte de nuit où les « girls » se succèdent comme strip-teaseuses, avant de s'éclipser avec les clients pour une brève étreinte tarifée, est le seul lieu où, chaque soir, il y a foule.

    Le maître mot à Fort McMoney est big. Oublié le small is beautiful (« le beau est dans le petit ») des années 1970. Désormais, big is beautiful. Les camions, grues et autres engins sont les symboles sacrés de l'humanité inhumaine qui circule ici. Ils s'affichent sur les calendriers, dans les bureaux et magasins, véritables icônes religieuses et sexuelles qui remplacent tant la Vierge Marie que la pin-up. Ils incarnent tous les fantasmes de puissance. Le mâle humain sans les faiblesses de l'humanité. L'écologie, c'est pour les femmelettes. Grosses cylindrées, plastiques, ordures non triées, après nous le déluge.

    How big is it ? (« c'est grand comment ? ») demande, en une litanie lancinante, le film diffusé au « Centre de découverte des sables pétroliers » de Fort McMurray. On vous souffle la question : du coup, vous désirez la réponse, et ne songez pas à poser d'autres questions. Les camions fabriqués pour cette industrie sont les plus grands du monde, grands comme un immeuble de deux étages, si grands qu'il faut les assembler sur place, car les autoroutes ne peuvent les supporter, ils écrasent un pick-up sans même s'en apercevoir… How big is it ? Difficile de ne pas penser aux concours de garçons dans les vestiaires. Le nec plus ultra, c'est le camion 797-LNG. En grimpant dans le car touristique pour visiter les installations pétrolières, on se surprend à espérer qu'on va pouvoir en apercevoir au moins un. Un peu comme la baleine blanche que recherche le capitaine Achab dans Moby Dick.

    Deux heures après la fin de la visite, nous montons dans un avion qui nous conduit à Fort Chipewyan, village amérindien à l'embouchure du fleuve Athabasca où se déversent les déchets des compagnies pétrolières. Nous survolons l'ensemble des installations, qui couvrent un territoire grand comme l'Etat de la Floride. Nous voyons des bassins de rétention d'eaux polluées, cent fois plus grands que ceux que l'on nous avait montrés pendant la visite, cette fois sans le moindre épouvantail ni canon pour empêcher les oiseaux de venir s'y intoxiquer.

    Arrivés à Fort Chipewyan, nous trouvons un village silencieux, beau et moribond. Les poissons sont difformes, cancers et maladies respiratoires font des ravages. Mais tous les hommes travaillent ou ont travaillé pour les compagnies pétrolières, car il n'y a pas d'autre employeur.

    L'AVENIR DE L'HUMANITÉ EN JEU

    A chaque instant du périple touristique, je pensais aux « villages Potemkine » en carton-pâte, montrés à l'impératrice Catherine II pendant sa visite de la Crimée en 1787, pour lui dissimuler la pauvreté du pays. Je pense aux usines modèles présentées à Sartre et à Beauvoir pendant leurs visites de l'Union soviétique dans les années 1950, pour émousser leur curiosité au sujet des goulags. Je pensais à Terezin, le camp modèle près de Prague, où l'on amenait les visiteurs de la Croix-Rouge pour les rassurer quant au sort des juifs, des Polonais et des communistes déportés par les nazis.

    On pourrait estimer exagéré, voire absurde de comparer l'exploitation des sables bitumineux albertains aux scandales du régime tsariste dans la Russie du XIXe siècle, sans parler des projets d'extermination nazis ou soviétiques. Mais ce n'est pas exagéré, car c'est bel et bien l'avenir de l'espèce humaine sur Terre qui se joue ici. Cette exploitation pétrolière en Alberta est déjà responsable des deux tiers des émissions de gaz à effet de serre de tout le Canada, et son expansion est incessante. C'est à cause d'elles que le Canada refuse de signer le protocole de Kyoto, à cause d'elles que M. Harper insiste pour supprimer, d'une directive européenne, la clause exigeant que les raffineurs rapportent les niveaux de CO2 émis par leur production (107 g pour les sables bitumineux, par contraste avec 93,2 pour le brut conventionnel). Selon toutes les prévisions sérieuses, si le président Obama approuve la construction de l'oléoduc Keystone XL qui doit relier l'Alberta au Texas et qui rencontre une vive opposition, la quantité de gaz à effet de serre lâchée dans l'atmosphère fera grimper la température de la Terre d'encore un demi-degré. Mais M. Obama lui-même a été élu grâce au dieu pétrole, et on ne lui permettra jamais de l'oublier.

    « Quand les gens perdent leur énergie créative, dit l'ami métis québecois qui m'accompagne dans ce voyage, ils préfèrent se laisser manipuler. » C'est ce que je constate en ce moment dans mon Alberta natal, jour après jour. Et c'est gravissime.

    Nancy Huston


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  • Un an après la marée noire du golfe du Mexique, BP va beaucoup mieux. Les bénéfices sont de retour, par milliards. Une santé insolente qui va de pair avec de nombreux projets de forages, malgré les objections des gouvernements. (Global mag)


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  • Plusieurs milliers de personnes, dont José Bové, ont convergé samedi 26 février en Ardèche pour le premier rassemblement national contre l'exploitation du gaz de schiste. Derrière le slogan "No gazaran", entre 10 000 (selon la préfecture) et 20 000 personnes (d'après les organisateurs) ont fait, le temps d'un après-midi, du petit bourg de Villeneuve-sur-Berg l'épicentre de l'opposition croissante à l'exploitation de ce gaz emprisonné à 3 000 mètres sous terre.

    A pied, à vélo, en poussette, en voiture ou en autocar, une foule bigarrée et bon enfant, venue de tout l'Hexagone, s'est rassemblée sur une aire de repos au bord de la route nationale, interdite à la circulation, pour dire "Stop au gaz de schiste". En contrebas, la plaine de Mirabel, des fermes, des vignes, des cultures, un camping. Au loin, les montagnes si chères à Jean Ferrat. Ici, "ils risquent de forer deux puits" et d'ériger une torchère, pour brûler les gaz, explique Guillaume Vermorel, spéléologue et l'un des initiateurs du rassemblement.

    "Ils"? Les industriels Schuepbach Energy et GDF-Suez qui ont obtenu un permis pour explorer 930 km2 autour de Villeneuve. Deux autres permis, dits de Nant (Aveyron) et Montélimar (Drôme), ont été accordés en mars 2010 par les services de l'ancien ministre de l'environnement, Jean-Louis Borloo. Devant la fronde grandissante des élus locaux et régionaux, des riverains et des écologistes, Nathalie Kosciusko-Morizet a annoncé début février la suspension des travaux d'exploration dans l'attente des conclusions d'une mission d'évaluation des enjeux environnementaux, en juin.

    Principales inquiétudes des opposants : la pollution des nappes phréatiques et les dégâts sur les activités rurales et touristiques. Pour extraire ce gaz, il faut effectivement forer des puits tous les 200 mètres et y injecter des millions de m3 d'eau additionnée de sable et de produits chimiques afin de libérer les particules gazeuses. Même "la collectivité n'a rien à y gagner, sauf qu'elle devra entretenir les routes abîmées par les camions", insiste M. Vermorel.

    Pour José Bové, député européen Europe Ecologie, fer de lance de la contestation et présent au rassemblement, l'exploitation de ces gisements pose la question du "gaspillage énergétique". "Il est temps de se demander comment on rend l'énergie plus efficace, renouvelable et non destructrice de l'environnement", plaide l'ancien du Larzac. A ses yeux, il n'y a qu'une issue à la mobilisation, née en quelques semaines seulement "du mépris des citoyens et des élus" par le gouvernement et des entreprises qui "jouent aux apprentis sorciers": l'abrogation des permis.

    Pour appuyer leur combat, les différents collectifs départementaux se sont par ailleurs constitués samedi matin à Valence en coordination nationale. Dans la foule, barbe blanche et cheveux longs, Alain Gibert, maire écologiste de Rocles, estime qu'"il se passe la même chose qu'avec les OGM : les populations ne sont pas consultées". Et les maires non plus. Alors, dans sa commune ardéchoise de 240 habitants, il a pris, comme contre les OGM, un arrêté pour interdire l'exploitation de ce gaz. A ce jour, la préfecture ne l'a toujours pas contesté. Et la culture des OGM est interdite en France.

    Le Monde avec AFP, 26/02/2011 


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  • Rassemblements dans toute la France pour sortir du "tout pétrole": samedi 19 février (à l'initiative de Greenpeace)

    Illustration que l'industrie pétrolière est prête à tout pour trouver de nouveaux gisements: La guerre de l'or noir, Arte +7


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  • Enercoop, l'énergie verte, s'installe à contre-courant dans la région

    La voix du nord

    Héléna est cliente à Lille. Rien ne change pour son compteur, seule sa facture échappe à EDF... PHOTO STÉPHANE MORTAGNE.

    S'éclairer et se chauffer sans EDF, c'est possible. L'opérateur historique a désormais des concurrents dont Enercoop, un réseau coopératif qui s'installe dans notre région pour garantir la fourniture d'une électricité 100 % renouvelable, non nucléaire et citoyenne.

    « Branchez-vous à l'écologie ! », dit le slogan. La coopérative s'approvisionne auprès d'une cinquantaine de petits producteurs indépendants d'électricité hydraulique, éolienne ou solaire photovoltaïque. Quand un client paie une facture de 100 euros, Enercoop achètepour100 euros d'énergie renouvelable. « Nous sommes les seuls en France à garantir une origine 100 % alternative directe au nucléaire, avec en prime une démarche citoyenne puisque chaque client peut devenir actionnaire du réseau », explique Guillaume Jourdain, son animateur pour la région.

    Il existe 33 millions de compteurs dans le pays et Enercoop ne recense pas moins de 6 000 consommateurs à son actif, c'est dire si EDF n'est pas encore sous haute tension. Pour autant, l'apparition de contre-systèmes révèle une tendance confirmée. Nous connaissions déjà Planète-Oui, un alternatif garantissant en région une énergie renouvelable par achat de certificats verts (www.planete-oui.fr).

    Enercoop va plus loin dans le registre militant. Locataire dans le Vieux-Lille, Héléna a quitté EDF « sans rien faire, simplement en remplissant un petit formulaire ». Pas de coupure, pas de relance d'EDF, c'est le même technicien d'ERDF qui passe relever le compteur, la filiale d'EDF ayant le monopole de la distribution du courant en France.

    Activement soutenu par le conseil régional, Enercoop passera sous statut de société au 1er janvier 2011, le réseau national étant à l'équilibre financier depuis 2009. Le surcoût d'un contrat Enercoop est d'environ 12 euros par mois, « compensé par la recherche d'économies d'énergie » d'après Guillaume Jourdain qui propose des devis gratuits pour évaluer le montant du surcoût par rapport à une facture EDF classique.

    Plus de 300 foyers ont déjà franchi le pas dans la région, l'ambition d'Enercoop étant de produire elle-même son électricité, sur des sites régionaux, afin d'encourager le circuit court et le lien citoyen de proximité. •

    PAR YANNICK BOUCHER


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  • Premier producteur de pétrole brut du continent africain, le Nigeria ne compte plus les marées noires qui ont ravagé son delta. Cet ancien sanctuaire écologique, qui a nourri les populations pendant des siècles, est devenu impropre à la pêche, en raison de l’or noir devenu poison. En mai 2010, au moment où la fuite dans le golfe du Mexique faisait les gros titres de la presse mondiale, à l’autre bout du monde, une énième rupture d’oléoduc provoquait également une marée noire. Selon Amnesty International, en 50 ans, 9 millions de barils de brut se sont déversés dans le delta du Niger. (...)

    L’affaire commence à être enfin médiatisée depuis que le New York Times publie à sa une, le 16 juin dernier, un reportage édifiant sur la situation dans le Delta du Niger : "Plus rien de vivant ne bouge dans un monde noir et brun autrefois grouillant de crevettes et de crabes [...]. Les pêcheurs maudissent leurs filets de pétrole [...]. De jeunes enfants nagent dans l’estuaire pollué [...]. Le marais est désert et silencieux, sans même un chant d’oiseau." The Guardian précise de son côté : "Il est impossible de mesurer la quantité de pétrole répandu dans le delta du Niger chaque année, car les pétroliers et le gouvernement veillent à ne pas divulguer l’information. Cependant, si l’on en croit deux grandes enquêtes indépendantes réalisées ces quatre dernières années, il s’en déverse autant par an dans la mer, dans les marais et sur terre que ce qui a fui dans le golfe du Mexique jusqu’à présent… Selon un rapport publié en 2006 par le World Wide Fund (WWF) Royaume-Uni, l’Union internationale pour la conservation de la nature et la Nigerian Conservation Foundation, jusqu’à 1,5 million de tonnes de brut – soit cinquante fois la marée noire provoquée par le pétrolier Exxon Valdez en Alaska – se sont déversées dans le delta durant le demi-siècle écoulé. En 2009, Amnesty International a calculé que ces fuites ont représenté l’équivalent d’au moins 9 millions de barils. L’organisation accuse les géants de l’industrie de violer les droits de l’homme. Les autorités nigérianes ont recensé officiellement plus de 7 000 marées noires entre 1970 et 2000, et 2 000 grands sites de pollution, la plupart touchés depuis plusieurs décennies. Des milliers d’autres, plus petits, attendent toujours un hypothétique nettoyage. Plus d’un millier de procès ont été intentés rien que contre Shell".

    Mais comment expliquer qu’il aura fallu plusieurs décennies pour que l’on commence enfin à s’intéresser à cette catastrophe écologique ? France 24 a interrogé Khalifa Dikwa, politologue dans une université du nord-est du Nigeria. Pour lui, la réponse est simple : "L’Occident n’a rien dit depuis 50 ans parce que ces dégâts se passent en Afrique. Il a toujours supporté n’importe quel diable tant qu’il est prêt à maintenir ses intérêts, notamment le pétrole. La démocratie qu’on copie de l’Amérique est ici source de corruption car on n’a pas encore eu le temps de développer nos infrastructures. Les banques occidentales ne font que protéger les fortunes volées. Ici, on dit que l’Occident est la mère des 3 D, c’est-à-dire ’disease’ (maladie), ’disaster’ (désastre) et ’death’ (mort)."

    Shell Nigeria, jusqu’alors la plus importante compagnie pétrolière du pays, est pointée du doigt. Mais elle rétorque que la quasi-totalité des marées noires a été causée par des saboteurs, notamment par les rebelles du Mouvement d’émancipation du delta du Niger (Mend), surnommés les "Robins des Bois" nigérians. Khalifa Dikwa répond : "ceux qui sabotent sont des groupes de jeunes inquiets pour leur futur et qui, sous l’influence de la drogue, ne comprennent que la langue des dollars. Ils en sont là parce que les compagnies pétrolières et le Nigeria ne font rien pour protéger l’écosystème et les peuples du delta du Niger. Rien n’est fait pour l’emploi, l’éducation, le traitement de l’eau, les moyens de transport et les communications". Nnimmo Bassey, responsable de l’association écologiste Eraction - Les Amis de la terre au Nigeria précise : "Quand les compagnies prétendent que les ruptures sont causées par des actes de sabotage, elles veulent juste se défausser de leur responsabilité. Selon nos chiffres, cela ne représente que 15% des cas. Car quand les milices sabotent, elles l’annoncent clairement. Le gouvernement n’a pour l’instant pas fait appliquer la loi. Les compagnies comme Shell font par ailleurs un lobbying intense pour éviter un durcissement de la législation, comme c’est envisagé en ce moment. N’oublions pas que toutes ces compagnies travaillent étroitement avec les autorités. Cela leur permet de ne pas être punis pour des crimes environnementaux qui ne seraient pas tolérés en Europe".

    Dans un des pays les plus corrompus du monde, les compagnies étrangères ne sont donc pas les seules accusées, car l’Etat nigérian est l’actionnaire majoritaire des consortiums locaux. Goodluck Jonathan, le nouveau président, a promis de mettre fin à cette marée noire permanente, précise France 24. En effet, le président nigérian a annoncé qu’un autre opérateur allait remplacer le groupe pétrolier Shell d’ici la fin de l’année dans la région du Delta du Niger. Ainsi, le Nigeria a signé, mi-mai, avec une entreprise d’Etat chinoise un contrat de 23 milliards de dollars (18,9 milliards d’euros) pour construire trois nouvelles raffineries, qui devraient à terme produire l’équivalent de 750 000 barils par jour, et un complexe pétrochimique.

    Nnimmo Bassey conclut, amer : "l’une des plus grandes et plus belles mangroves du monde est irréversiblement endommagée. Les marées noires provoquent même des marées rouges d’algues nuisibles. Alors quand on voit les efforts déployés pour freiner la catastrophe dans le golfe du Mexique, la question qui hante tout le monde ici est : qu’auraient-ils fait si cela s’était passé dans le golfe de Guinée ? Les réponses efficaces et les grosses sommes d’argent destinées à indemniser les victimes sont des choses que l’industrie pétrolière ne fait pas au Nigeria. Nous vivons sur une bombe. C’est horrible."

    Mais que pouvons-nous faire ?

    "Barack Obama n’a trouvé la force de résister aux lobbies pétroliers et de revenir sur des concessions antérieures que sous la pression médiatique", consaste Vincent REMY dans Télérama (N°3154 - 23 juin 2010). "Cette pression ne doit pas faiblir, poursuit le journaliste. "Face à la rapacité des compagnies pétrolières occidentales, exploitant l’impéritie ou la faiblesse des Etats africains, notre responsabilité citoyenne est immense." Alors, diffusez l’info sur vos blogs ou vos réseaux sociaux ! Si Shell semble écartée par le président nigerian, il faut continuer la mobilisation pour que la compagnie assume ses responsabilités pour indemniser les populations locales et financer un plan de restauration du delta du Niger.

    Pour en savoir plus, je vous invite à lire le rapport d’Amnesty International, "Petroleum, Pollution and Poverty in the Niger Delta". Ce document met l’accent sur certaines des causes premières de la situation dans le delta du Niger. Pour télécharger la synthèse en français, cliquez ici.

    David Naulin

    http://cdurable.info/Nigeria-50-ans-de-marees-noires-dans-le-delta-du-Niger,2680.html


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