• La malédiction du plastique

    Diffusion ce soir du film La malédiction du plastique, de Ian Connacher (Addicted to plastic, Canada, 2009)

    Ian Connacher a parcouru le monde pendant deux ans, menant l'enquête sur la matière reine du XX° siècle: le plastique.

    Son film commence là où finissent tous nos plastiques: dans l'océan (au milieu du "Grand tourbillon" du Pacifique Nord). On estime que 18000 déchets de plastique sont présents par km² d'océan! Le plastique est une matière que presque aucun organisme ne dégrade.

    Les poissons avalent les granulés de plastique, qu'ils confondent avec des oeufs. Ces granulés sont des billes de résine synthétiques, transformés par l'industrie en divers produits...mais nombre d'entre elles sont rejettées dans les eaux usées, et arrivent dans les océans...

    Les morceaux de plastique peuvent tout de même être cassés, ou réduits en parties plus petites...que les poissons avalent. Et qui avale les poissons ?

    On peut relever 10 fois plus de matières plastiques que de matière naturelle (plancton) dans les eaux analysées!

    Problème: les plastiques fixent les pesticides, les herbicides... que nous avalons donc quand nous dégustons du poisson (dont nombre d'espèces sont menacées de disparition pour cause de surpêche)

    Le film se poursuit avec la dissécation d'un oiseau marin, un fulmar. En moyenne, ces oiseaux ont 0,1% de leur poids en plastique dans leur corps (pour un homme de 75 kg, cela équivaut à une quantité de 75g...). L'oiseau disséqué sous les yeux de Ian en contient plus de 1g.

    Si les océans sont le réceptacles de nos déchets plastiques, ne serait-il pas judicieux de les recycler, ce que beaucoup d'entre nous font déjà en pratiquant le tri ?

    Mais le recyclage du plastique se heurte à deux difficultés: il prend beaucoup de volume, et le recycler est un vrai casse-tête étant donné les compositions multiples de plastique existantes. Enfin, la majorité de nos plastiques est enfouie ou incinérée...La part des plastiques recyclés est minoritaire.

    Différentes expériences de recyclage sont ensuite évoquées.

    Au Danemark, les bouteilles en plastiques sont consignées. En donnant de la valeur à cet emballage, les consommateurs font l'effort de les ramener, et le distributeur les réexpédie vers le fabricant de boissons qui peut réutiliser la bouteille.

     Aux EU, une entreprise recycle tous les types de plastiques pour en faire des traverses de chemin de fer. Une autre crée une matière noire en broyant l'ensemble de nos déchets ménagers (sauf le verre), matière qui permet de fabriquer d'autres produits...ou de servir de terreau selon le PDG de cette entreprise... Aux Etats-Unis toujours, une autre société fabrique des vêtements en recyclant des matières synthétiques.

    Le monde occidental croûlant sous les déchets, il revend des plastiques à l'Inde ou à la Chine.

    Actuellement l'Inde recycle 60% de ses déchets plastiques, mais risque elle aussi d'être submergée de déchets en poursuivant sa transformation en une immense société de consommation.

    Le film s'interroge ensuite sur les conséquences de ces matières sur la santé.

    Les phtalates peuvent perturber tout notre fonctionnement: croissance, mémoire, reproduction...Mais la vérité est qu'on ne connaît pas encore réellement les conséquences de ces produits sur nos organismes!

    Presque tous les Américains ont du bisphénol A dans leurs urines, surtout les enfants.

    Alors, comment utiliser moins de plastiques ?

     Un chercheur utilise une huile (obtenue après pyrolyse sur des plastiques), qui est décomposée par des bactéries...qui la transforment à nouveau en plastique!

    Les bioplastiques sont fabriqués à partir de matières végétales, comme l'amidon de maïs.

    Curiosité: NEC a fabriqué un téléphone mobile biodégradable...

    Le film se termine un peu comme il avait commencé, avec une magnifique plage hawaïenne, souillée de plastique...

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    Le compte-rendu de Télérama:

     

    « Le plastique est un poison silencieux qui nous menace. Ce film est mon cri d'alarme », annonce le prologue. Tourné en caméra subjective, sur un ton volontairement rentre-dedans, La malédiction du plastique dénonce l'impact catastrophique de cette invention majeure du XXe siècle sur l'environnement. Car, comme l'explique Ian Connacher, le plastique c'est bien pratique, mais ça ne se décompose pas dans la nature. Océans, villes, campagnes, déserts, montagnes... il a tout envahi et encrasse notre planète jusqu'à l'asphyxie.

    Confrontant à la manière d'un Michael Moore des représentants de compagnies industrielles avec une armada d'experts, le réalisateur canadien livre un tour du monde aussi loufoque qu'érudit des ravages causés par les déchets plastiques. Son documentaire alterne animations ludiques sur l'histoire et la fabrication du plastique et images chocs de décharges indiennes, de plages défigurées d'Hawaii ou des tourbillons poubelles du Pacifique. Par-delà le message militant et la nécessité d'une prise de conscience écologique à l'échelle mondiale, il tente d'apporter des solutions au recyclage industriel. On apprendra ainsi que des stylistes récupèrent des emballages pour confectionner des objets, des sacs et même des robes de mariée. Mieux : il existerait des matériaux alternatifs fabriqués à base de végétaux biodégradables.

    Eléonore Colin     Télérama, Samedi 9 janvier 2010


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