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  • https://reporterre.net/L-ouverture-du-ferroviaire-a-la-concurrence-c-est-le-hold-up-du-siecle

    De grandes manifestations se déroulent le 22 mars, pour défendre le chemin de fer et pour protester contre l’affaiblissement du service public. Les cheminots sont en pointe dans ce mouvement. Erik Meyer, porte-parole du syndicat Sud Rail, s’explique.

    Érik Meyer est porte-parole de Sud Rail.

    Reporterre — Deux groupes défendent les chemins de fer en France : les cheminots et les écologistes. Y a-t-il un dialogue entre vous ?

    Erik Meyer — Nous partageons avec les écologistes un certain nombre de revendications. Notamment sur le transport de marchandises par rail, qui s’est écroulé suite à l’ouverture à la concurrence – on est passé de 15 % du volume de marchandises transportés par le rail en 2006 à moins de 8 % en 2017, avec un volume global de marchandises transportées qui augmente. Mais aussi sur une politique de développement durable qui prenne mieux en compte les transports à faibles émissions de CO2. Là où nous divergeons, c’est qu’en tant que syndicalistes nous y incluons une forte dimension sociale, ce qui est moins le cas des écologistes et des associations et partis politiques qui se réclament de l’écologie.

    Vous avez donc un intérêt commun sur le sujet. Mais concrètement, y a-t-il eu des efforts de part et d’autre pour créer des liens ?

    Il y a quelques années, pour défendre l’écotaxe et sur les questions de financement des modes de transport alternatifs, nous avons pu faire des meetings, des déclarations et des cahiers revendicatifs communs. Mais sur le dossier qui nous intéresse actuellement, le pacte ferroviaire, il n’y a pas de lien entre nous. D’ailleurs, on n’entend pas les écologistes sur ce dossier. Ils sont aux abonnés absents.

    Les écologistes sont aussi des usagers des transports. Allez-vous vers eux ?

    Dans le climat ambiant de stigmatisation des cheminots, où ressortent les vieilles rengaines sur les preneurs d’otages et les défenseurs de leurs privilèges, nous essayons de tenir un discours pédagogique auprès des usagers et de leur expliquer les conséquences de la réforme pour eux. Partout en Europe où le ferroviaire a été ouvert à la concurrence, le prix du billet a augmenté de 15 à 20 % et la qualité de service s’est dégradée, à cause d’une moindre présence humaine dans les gares. Aujourd’hui, en Allemagne il n’y a plus personne dans les gares pour vous renseigner, vous diriger, vous vendre des billets.

    Nous avons programmé plusieurs journées de diffusion de tracts explicatifs dans les plus grandes gares du territoire. Tout ça pour essayer de faire prendre conscience aux usagers que la réforme du pacte ferroviaire telle que présentée par Edouard Philippe est un réel désengagement de l’État du service public ferroviaire et que la suppression du statut des cheminots n’est qu’un écran de fumée ou l’arbre qui cache la forêt. Et qu’il serait temps de parler de politique de développement durable, de continuité territoriale, d’aménagement du territoire, plutôt que de stigmatiser les cheminots contre la population.

    À propos du rapport Spinetta, les associations environnementales ont fait un travail de décryptage. Elles essaient aussi de faire de la pédagogie. Y a-t-il des liens possibles à ce niveau-là ?

    Nous serions demandeurs parce que cela ouvrirait d’autres perspectives de débat et permettrait de recentrer le débat sur les fondamentaux : politique de continuité territoriale, d’aménagement du territoire, etc. Mais à ce jour, nous n’avons eu aucun contact avec elles.

    Vous avez rencontré les ministres ces derniers temps. Qu’avez-vous perçu de leur philosophie et de leur vision du ferroviaire ?

    Nous sommes dans ce qu’ils appellent une phase de concertation. Sauf qu’il n’y a pas de concertation. Ils appliquent le même schéma « ordonnances » qu’ils ont adopté pour la loi Travail : ils nous reçoivent gentiment, nous font une explication de texte de ce que sera la loi, nous demandent notre avis. Nous le leur donnons, nous formulons nos attentes et nos revendications... et, à la sortie, rien ne bouge. Nous avons l’impression qu’ils attendent le rapport de force pour engager une négociation. Ou, pire, nous avons un président qui veut se la jouer thatchérien et qui est prêt à assumer un conflit long et dur, pour montrer qu’il a les épaules.

    La SNCF est un des lieux où le mouvement syndical est le plus fort. Pensez-vous que vous tiendriez plusieurs mois comme avaient tenu les syndicats du charbon dans les années 1980, en Angleterre, face à Margaret Thatcher ?

    Quand un conflit commence, on ne sait jamais quand il va se terminer. Mais les ordonnances de la loi Travail ont réellement affaibli les collectifs de travail et les syndicats, avec la création du Comité social et économique (CSE), la suppression des CHSCT et des délégués du personnel, etc. Récemment, le gouvernement a décidé de ne retenir que ce qu’il veut d’un accord sur la formation professionnelle signé par les syndicats et le patronat. Il y a une volonté de l’exécutif de se débarrasser des corps intermédiaires.

    A la SNCF, il y a deux blocs : un bloc réformiste – Unsa et CFDT – et un bloc d’opposition – CGT et Sud Rail. Cela faisait très longtemps que les quatre syndicats n’avaient pas été alignés sur un sujet. Le fait qu’ils le soient aujourd’hui est le signe que même le bloc réformiste n’est plus écouté. Si le bloc réformiste partage cette analyse qu’il n’y a pas de négociations, c’est qu’il y a une volonté délibérée de l’exécutif d’aller au rapport de force.

    Les déclarations d’Elisabeth Borne pouvaient pourtant être rassurantes quand elle parlait d’améliorer le service public ferroviaire...

    Ils sont très doués en communication ! Mais l’ouverture à la concurrence telle que souhaite la mener le gouvernement consiste à donner le bien public aux opérateurs privés, pour qu’ils puissent engranger les subventions publiques. Il prévoit le transfert du personnel, le transfert du matériel, des plans de transport... Tout cela a été repris dans le projet de loi d’habilitation, présenté au Conseil des ministres le 14 mars dernier. Un opérateur privé pourra répondre à un appel d’offres et, avec zéro investissement, engranger les subventions publiques des autorités organisatrices. C’est quand même formidable, comme concept ! Pour nous, c’est le hold-up du siècle !

    Édouard Philippe a dit que les 9.000 kilomètres de petites lignes ne seraient pas touchées...

    Ce qu’Édouard Philippe a dit, c’est que l’État ne fermera pas les petites lignes. Il va laisser le soin aux régions de le faire !

    En 2014, sous Hollande, le pouvoir de décision avait été confié aux régions et la faculté de maintenir, d’entretenir et de rénover les voies à SNCF Réseau. Aujourd’hui, Édouard Philippe transfère tout aux régions qui définiront elles-mêmes quelles lignes elles veulent garder ou non. Cela va créer une véritable fracture territoriale entre les régions riches, qui auront les moyens de garder des lignes, et les pauvres, qui n’auront pas les fonds nécessaires pour investir. Et cela va être doublement la catastrophe, parce que 30 % du trafic ferroviaire de marchandises passe par ces 30 % de petites lignes...

    M. Spinetta a dit qu’il prenait l’avion pour aller à Marseille, parce que « trois heures de train c’est trop long ». Qu’est-ce que cette parole révèle sur les gens qui pensent les réformes du train ?

    Ce que Macron veut faire, c’est des relations Paris-capitales régionales en train et tout le reste en bus. Ça se voit dans le discours qu’il avait fait lors de l’inauguration du TGV pour Rennes. Quand on parle de supprimer 9.000 km de petites lignes sur 36.000 km, c’est quasiment 30 % du système. Il y a une vraie problématique avec les bus Macron, qui perdent de l’argent : une des façons d’en gagner, c’est d’aller prendre les subventions publiques à travers les transports régionaux.

    Pourquoi défendre le statut des cheminots ?

    La dette de la SNCF ne découle pas du statut des cheminots, mais de la construction du réseau LGV. La SNCF n’a été que l’exécutrice des politiques publiques, et si en 1982 la SNCF est devenue un Epic [Etablissement public à caractère industriel et commercial, NDLR], c’était pour lui permettre de s’endetter avec une garantie de l’État afin de construire le réseau LGV. On parle du "statut des cheminots", mais les salariés de l’automobile peuvent acheter des véhicules à moindre coût, les salariés des banques peuvent emprunter à taux préférentiel, les journalistes ont un crédit d’impôt de 7.650 € par an, donc, chaque catégorie socio-professionnelle a des avantages liés à sa branche, souvent pour compenser de la modération salariale. A la SNCF, c’est la même chose. Quand on dit que le statut coûte cher, si on prend le bilan de l’entreprise, le volume de la masse salariale par rapport au chiffre d’affaires de l’entreprise, il est égal ou inférieur aux grandes entreprises françaises du CAC 40.

    Pourquoi y aurait-il une mobilisation au-delà des cheminots ?

    Aujourd’hui, tout le monde est attaqué. La santé est attaquée, la RATP est attaquée, le transport aérien, la Poste, la fonction publique, ce n’est pas un train de réformes qui nous est proposé, mais un train de régression sociale pour l’ensemble des salariés, à grande vitesse.

    Les cheminots seraient les locomotives de la contestation ?

    Si c’était vrai...

    Vous en doutez ?

    On verra comment ça se passe. Je le souhaite. Mais il est difficile d’agréger tous les intérêts des catégories socio-professionnelles sur un même objectif.

    Durant le mouvement d’opposition à la loi Travail, il y avait eu une répression policière extrêmement forte, prenant argument du fait qu’il y avait un « cortège de tête », et en même temps il y a un mouvement depuis quelques années de gens qui vont se confronter à la police. Comment abordez-vous le problème de la gestion de la violence ?

    Je me souviens de manifestations il y a dix ans sur la retraite ou autre, c’était des manifestations familiales. Depuis, la violence a appelé la violence et on a aujourd’hui des cortèges de tête qui se forment, des groupuscules qui veulent en découdre avec la police, et les autorités laissent faire pour pouvoir donner une mauvaise image des manifestants. On ne peut que condamner la casse d’un côté, la répression policière de l’autre. Mais comme au moment des manifestations loi Travail, on voit bien que c’est organisé à un certain niveau, il y a des consignes données en amont de laisser se former tout cela, alors qu’on pourrait éviter de laisser s’agréger tous ces groupuscules.

    Alors comment faire en tant que syndicalistes ?

    On protège les gens qui viennent manifester avec nous et on laisse la police, qui a laissé se former le cortège de tête, se débrouiller avec le cortège de tête.

    Y aura-t-il des usagers à la manifestation de ce 22 mars ?

    Oui, la FUT-SP, des associations de Paris Normandie, des Hauts-de-France, s’ils arrivent à venir.

    Le mouvement important contre la loi Travail a échoué. Aujourd’hui, la mobilisation est-elle un baroud d’honneur ou un nouveau départ ?

    Avant les syndicats étaient le symbole de conquêtes sociales, de nouveaux droits pour les salariés. Aujourd’hui, ils sont plutôt le symbole du barrage contre la régression. Il faut tenir. Depuis que le mot "réforme" a été inventé, il n’y a plus d’avancée sociale pour les salariés. On réforme, on réforme, on a une fracture qui se creuse de plus en plus, on produit de plus en plus de richesses de moins en moins bien réparties. On individualise les gens, et ils pensent qu’ils s’en sortiront mieux tout seuls alors que, historiquement, c’est toujours le collectif qui a permis des avancées sociales. Mais un jour ils s’en rendront compte. Et ce jour là, le retournement risque d’être brutal.

    Ce jour, le sentez-vous venir ?

    On essaye de le provoquer, mais après, il faut que les salariés répondent. Est-ce que les salariés sont prêts à se battre ? A ouvrir les yeux et à dire, "Mais là, on me prend trop pour un con et il faut quand même y aller" ? Je ne sais pas. On verra.

    • Propos recueillis par Marie Astier et Hervé Kempf

     


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  • Les oiseaux disparaissent des campagnes françaises à une « vitesse vertigineuse »

     

    Ce déclin « catastrophique », d’un tiers en quinze ans, est largement dû aux pratiques agricoles, selon les études du CNRS et du Muséum d’histoire naturelle

    LE MONDE | 20.03.2018

    Par Stéphane Foucart

    Le printemps risque fort d’être silencieux. Le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) et le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) annoncent, mardi 20 mars, les résultats principaux de deux réseaux de suivi des oiseaux sur le territoire français et évoquent un phénomène de « disparition massive », « proche de la catastrophe écologique ». « Les oiseaux des campagnes françaises disparaissent à une vitesse vertigineuse, précisent les deux institutions dans un communiqué commun. En moyenne, leurs populations se sont réduites d’un tiers en quinze ans. »

    Attribué par les chercheurs à l’intensification des pratiques agricoles de ces vingt-cinq dernières années, le déclin observé est plus particulièrement marqué depuis 2008-2009, « une période qui correspond, entre autres, à la fin des jachères imposées par la politique agricole commune [européenne], à la flambée des cours du blé, à la reprise du suramendement au nitrate permettant d’avoir du blé surprotéiné et à la généralisation des néonicotinoïdes », ces fameux insecticides neurotoxiques, très persistants, notamment impliqués dans le déclin des abeilles, et la raréfaction des insectes en général.

    Plus inquiétant, les chercheurs observent que le rythme de disparition des oiseaux s’est encore intensifié ces deux dernières années.

    Résultats de deux réseaux de surveillance

    Le constat est d’autant plus solide qu’il est issu de deux réseaux de surveillance distincts, indépendants et relevant de deux méthodologies différentes. Le premier, le programme STOC (Suivi temporel des oiseaux communs) est un réseau de sciences participatives porté par le Muséum national d’histoire naturelle. Il rassemble les observations d’ornithologues professionnels et amateurs sur l’ensemble du territoire et dans différents habitats (ville, forêt, campagne). Le second s’articule autour de 160 points de mesure de 10 hectares, suivis sans interruption depuis 1994 dans la « zone-atelier « du CNRS Plaine et val de Sèvre, où des scientifiques procèdent à des comptages réguliers.

    « Les résultats de ces deux réseaux coïncident largement et notent une chute marquée des espèces spécialistes des plaines agricoles, comme l’alouette », constate l’écologue Vincent Bretagnolle, chercheur au Centre d’études biologiques de Chizé, dans les Deux-Sèvres (CNRS et université de La Rochelle). Ce qui est très inquiétant est que, sur notre zone d’étude, des espèces non spécialistes des écosystèmes agricoles, comme le pinson, la tourterelle, le merle ou le pigeon ramier, déclinent également. »

    Sur la zone-atelier du CNRS – 450 km2 de plaine agricole étudiés par des agronomes et des écologues depuis plus de vingt ans –, la perdrix est désormais virtuellement éteinte. « On note de 80 % à 90 % de déclin depuis le milieu des années 1990, mais les derniers spécimens que l’on rencontre sont issus des lâchers d’automne, organisés par les chasseurs, et ils ne sont que quelques rescapés », précise M. Bretagnolle.

    Déclin massif des insectes

    Pour le chercheur français, « on constate une accélération du déclin à la fin des années 2000, que l’on peut associer, mais seulement de manière corrélative et empirique, à l’augmentation du recours à certains néonicotinoïdes, en particulier sur le blé, qui correspond à un effondrement accru de populations d’insectes déjà déclinantes ».

    A l’automne 2017, des chercheurs allemands et britanniques conduits par Caspar Hallmann (université Radboud, Pays-Bas) ont, pour la première fois, mis un chiffre sur le déclin massif des invertébrés depuis le début des années 1990 : selon leurs travaux, publiés en octobre dans la revue PloS One, le nombre d’insectes volants a décliné de 75 % à 80 % sur le territoire allemand.

    Des mesures encore non publiées, réalisées en France dans la zone-atelier Plaine et val de Sèvre, sont cohérentes avec ces chiffres. Elles indiquent que le carabe, le coléoptère le plus commun de ce type d’écosystème, a perdu près de 85 % de ses populations au cours des vingt-trois dernières années, sur la zone étudiée par les chercheurs du CNRS.

    « Or de nombreuses espèces d’oiseaux granivores passent par un stade insectivore au début de leur vie, explique Christian Pacteau, référent pour la biodiversité à la Ligue de protection des oiseaux (LPO). La disparition des invertébrés provoque donc naturellement un problème alimentaire profond pour de nombreuses espèces d’oiseaux et ce problème demeure invisible : on va accumuler de petites pertes, nid par nid, qui font que les populations ne sont pas remplacées. »

    Dégradations profondes de l’environnement

    La disparition en cours des oiseaux des champs n’est que la part observable de dégradations plus profondes de l’environnement. « Il y a moins d’insectes, mais il y a aussi moins de plantes sauvages et donc moins de graines, qui sont une ressource nutritive majeure pour de nombreuses espèces, relève Frédéric Jiguet, professeur de biologie de la conservation au Muséum et coordinateur du réseau d’observation STOC. Que les oiseaux se portent mal indique que c’est l’ensemble de la chaîne trophique [chaîne alimentaire] qui se porte mal. Et cela inclut la microfaune des sols, c’est-à-dire ce qui les rend vivants et permet les activités agricoles. »

    La situation française n’est pas différente de celle rencontrée ailleurs en Europe. « On est dans la continuité d’une tendance lourde qui touche l’ensemble des pays de l’Union européenne », note M. Jiguet. Est-elle réversible ? « Trois pays, les Pays-Bas, la Suède et le Royaume-Uni, ont mis en œuvre des politiques nationales volontaristes pour inverser cette tendance lourde, en aménageant à la marge le modèle agricole dominant, explique Vincent Bretagnolle. Aucun de ces trois pays n’est parvenu à inverser la tendance : pour obtenir un effet tangible, il faut changer les pratiques sur des surfaces considérables. Sinon, les effets sont imperceptibles. Ce n’est pas un problème d’agriculteurs, mais de modèle agricole : si on veut enrayer le déclin de la biodiversité dans les campagnes, il faut en changer, avec les agriculteurs. »

     


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