• La chaîne la plus regardée de France s'illustre une nouvelle fois par l'humanité touchante de l'un de ses programmes...

    Article de Sylvain Mouillard dans Libération:

    ll y a eu le « Y’a bon Banania » ou encore le « temps béni des colonies » de Sardou. Depuis vendredi, TF1 diffuse l’émission de télé-réalité La Ferme Célébrités en Afrique. Un programme qui « s’inscrit dans le droit fil des clichés coloniaux les plus consternants », selon Pap Ndiaye, chercheur à l’EHESS et auteur de La condition noire (Calmann-Lévy, 2008).

    Le décor

    Après la « Ferme Célébrités » de Vizan (Vaucluse), qui avait couronné Pascal Olmeta puis Jordy en 2004 et 2005, TF1 part cette année à la découverte de « l’Afrique ». Continent de près de 30 millions de kilomètres carré et 53 pays, mais néanmoins régulièrement réduit dans le programme à cet « ensemble indifférencié », note Pap Ndiaye.

    La doublette Jean-Pierre Foucault-Benjamin Castaldi rappelle parfois, depuis Paris, que l’émission a lieu en l’Afrique du Sud, dans la réserve de Zulu Nyala, située entre « Johannesbourg et Durban » (566 km tout de même). Au cœur des 1800 hectares de la réserve, une vaste bâtisse au toit de chaume, qui accueillera « seize célébrités » au cours des dix prochaines semaines.

    Pour Pap Ndiaye, l’émission véhicule un premier cliché, « l’exotisme amusant ». « Le continent africain est présenté comme un terrain de jeu exotique. L’un des présentateurs demande benoîtement : “Qu’y a-t-il de mal à partir en Afrique pour voir des animaux et rigoler un peu. (Métro, le 29 janvier 2010)” ».

    Le casting de TF1

    Le premier prime-time, vendredi, a réservé son lot de grosses ficelles : à Zulu Nyala, les « stars » sont accueillies par une haie de danseurs en pagnes, sagaies à la main, au son du tam tam. L’unité musicale est respectée à Paris, avec les mêmes intermèdes endiablés. Jean-Pierre Foucault, soucieux du détail, possède un calepin « léopard ». La quotidienne (18h15) ne déroge pas à la couleur locale : peau de zèbre au sol, images de la savane sud-africaine en fond d’écran, « Benji » se charge de l’animation.

    Des « stéréotypes » qui montrent « le continent en dehors de la civilisation, selon Pap Ndiaye. Pour faire couleur locale, les “célébrités” sont accueillies à l’entrée de la ferme par des “Africains typiques” (...). Pour le reste, il n’est pas encore question des habitants de la région, déserte et “sauvage”. La ferme est présentée comme un lieu de civilisation au milieu de nulle part. »

    Les dialogues

    Benjamin Castaldi sait synthétiser « les dangers de la brousse » : « Il y a beaucoup d’animaux : ça pique, ça gratte, ça chatouille et parfois ça mord. » C’est l’autre versant de l’imagerie traditionnelle de l’Afrique : d’un côté l’exotisme, de l’autre le danger.

    Ce sont « des stéréotypes classiquement binaires développés pendant la période coloniale : une Afrique bucolique, de beaux paysages, des indigènes joyeux, et en parallèle une Afrique des ténèbres, un exotisme dangereux, note Pap Ndiaye. On insiste lourdement sur l’inconfort et un vague danger : la chaleur, les odeurs. Ce thème revient constamment dans la bouche des animateurs et des participants : l’Afrique pue. Les animaux “qui piquent” et les maladies. Bref, l’Afrique est présentée comme dangereuse, hostile, primitive. On peut “rigoler” mais attention aux bestioles... » Arrêt sur images compile quelques répliques : « Figurez-vous que nous avons l’électricité ici à Zulu Nyala » ; « mais ce que vous n’avez pas, c’est l’odeur » ; « ça n’a pas l’air si terrible » ; « c’est sommaire ».

    L’émission est-elle raciste ?

    Non, répond Pap Ndiaye. « Je ne parlerais pas de “stéréotypes racistes” – on n’a pas encore entendu de propos qu’on pourrait qualifier ainsi – mais de stéréotypes dévalorisants d’une Afrique fantasmée(...), un continent sans histoire où l’ordre naturel règne. »

    Angela Lorente, directrice de la télé-réalité sur TF1, explique avoir voulu, « par ces temps pas évidents », proposer du « divertissement » et du « dépaysement ». Et d’assurer que cela « permet aussi d’en apprendre sur le genre humain ». Loin d’être convaincu, Pap Ndiaye rétorque que « les émissions de télé réalité peuvent évoquer le second degré pour se donner bonne conscience. Mais cela imprègne les mentalités ». Et avance qu’on « n’apprend rien de ce huis clos entre Européens, où l’Afrique n’est qu’un décor ».

    L’hebdomadaire Jeune Afrique a fustigé une « litanie de clichés éculés ». Pap Ndiaye, lui, souligne que ces clichés coloniaux sont « classiques en Europe. On se souvient notamment du discours de Sarkozy à Dakar où il parlait d’une “Afrique enchantée” ». Et de rappeler qu’en matière de stéréotypes, La Ferme Célébrités est une récidiviste : « Lors des premières éditions, certains paysans s’étaient déjà mobilisés contre le côté dévalorisant de leur profession, véhiculé par l’émission ».


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  • L’atoll de Midway, le paradis pour les albatros - les principaux habitants de ce morceau de terre de 6 kilomètres carrés, l’un des atolls les plus éloignés des terres situé à plus de 2000 miles marins du continent le plus proche ! Les oiseaux sont inquiets, ils sentent l’approche des bombardiers. Nous sommes en 1942, sur le lieu même de la célèbre bataille de Midway, bataille qui marqua un tournant dans la guerre du Pacifique. Le site de la BBC World News America nous montre la vie des albatros sur l’atoll 66 ans après.

    « Je suis sur l’atoll de Midway, au milieu du Pacifique, on ne peut pas imaginer un lieu plus éloigné de la terre ferme que celui-ci. Mais c’est là qu’arrivent les vagues de déchets emportées par les courants océaniques. Des sacs plastiques, des bouteilles, des chaussures, et même des ordinateurs ! Tous les jours, ces morceaux de déchets se retrouvent sur les plages et c’est dramatique, car Midway est l’habitat de la plus grande population d’albatros !  Et les parents nourrissent leurs petits avec… du plastique ! »

    Les albatros meurent après avoir ingéré des dizaines d’objets en plastiques. Mais qui est responsable ? Peut-être la Chine ? Le correspondant local de la BBC témoigne :

    « Ce pays produit chaque année des milliards de sacs en plastique de piètre qualité. Ceci n’est pas surprenant car si vous allez dans n’importe quel commerce du coin en Chine pour acheter, disons, un chewing-gum, le propriétaire va vous l’emballer dans plusieurs sacs plastique ! La Chine est littéralement assiégée par les déchets plastiques ! Le pays fabrique la plupart des produits importés dans le monde, mais il est également le pays qui doit faire face au volume mondial de déchets le plus importants. Nous sommes en 2008. La Chine voudrait bien se donner l’image d’un pays propre. Par conséquent, depuis le 1 juin 2008, si vous allez dans un commerce chinois, les propriétaires sont obligés de vous vendre les sacs en plastique. »

    La Chine a envie de changer ses habitudes. Au moins à l’occasion des grandes manifestations internationales. Et leurs voisins indiens ?

    « Il n y a pas si longtemps, le gouvernement de l’Inde a commencé à encourager les entrepreneurs à produire les sacs en plastiques localement au lieu de les importer. Aujourd’hui, cette mesure s’est retournée contre les Indiens. Il y a 3 ans, les inondations massives ont complètement paralysé la capitale économique du pays, Bombay, ainsi que les zones alentour. Cela a fait des milliers de morts ! Le responsable de cette tragédie était le sac en plastique ! Au moins partiellement. Les sacs ont simplement bouché les canalisations, empêchant l’eau de s’évacuer. Aujourd’hui le sac en plastique est interdit à Bombay, mais ailleurs il est toujours aussi répandu et aussi dangereux. »

    En remontant un autre courant océanique, on arrive… aux Etats-Unis !

    « Ici on les appelle les tumbleweed urbaines tellement il y en a partout ! D’après les estimations les plus modestes, les Etats-Unis utilisent 380 milliards de sacs plastique chaque année. Aujourd’hui, l’Amérique en est submergée. Seule une petite partie est recyclée, la plus grande est tout simplement jetée. Ensuite, quand il pleut, les sacs se retrouvent dans les rivières puis, dans la mer. Sur les plages de Santa Monica on les voit souvent, déchiquetés, tellement déchiquetés qu’on ne les remarque même pas. Mais ils sont partout ! La ville de Santa Monica a déjà interdit le polystyrène extrudé, et réfléchit aujourd’hui à la façon de gérer ce problème. Mais la ville de San Francisco vient juste d’interdire les sacs en plastique. Cela signifie que le nombre de sacs se retrouvant dans la mer ne cesse de croitre. »

    Et ils  voyagent, comme les autres objets en plastique de plusieurs continents, vers l’atoll de Midway où se trouve l’auteur de ce formidable petit documentaire : David Shukman.

    « Ici, les gens travaillent quotidiennement pour préserver la nature, essayer d’aider les 2 millions d’albatros qui vivent là. Tous les jours, ils doivent se battre contre « les vagues de plastique ». Mais dès qu’ils nettoient une partie de la côte, elle est de nouveau polluée par les déchets plastiques au bout d’une semaine. »

    L’atoll - symbole de la victoire alliée en 1942 - est aujourd’hui un symbole de la défaite internationale devant le plastique.

    Alexis Ipatovtsev, blog L'Europe, franceculture.com


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  • Turin et son site olympique fantôme

    [ Un reportage vidéo de La Repubblica, signé Alberto Custodero (repris par Courrier International) met à jour la folie des JO, véritable gouffre financier et atteinte à l'environnement.]

    Danger d’effondrement, accès interdit”, annonce le panneau fixé sur une grille métallique qui barre l’accès aux tremplins olympiques de Pragela, à 80 kilomètres de Turin. Une mise en garde nécessaire : deux avalanches se sont abattues sur les rampes de saut à skis et sur la piste de réception. Voilà l’état dans lequel se trouvent les infrastructures de saut à skis de Turin 2006.

    Plutôt que sur une installation provisoire, le choix s’était porté sur une structure en béton armé d’un coût de 34,3 millions d’euros. On avait dû déboiser la moitié d’une montagne pour créer cinq tremplins – deux pour la compétition, trois pour l’entraînement –, dans le but de pérenniser les activités sportives sur le site et de créer un vivier d’athlètes sur le versant ouest des Alpes italiennes. Quatre ans à peine après les Jeux d’hiver de Turin, les installations de saut à skis de Pragela ressemblent à une cathédrale désaffectée dans la neige, tout comme le Sky Jumping Hotel, un grand hôtel de 120 chambres construit au pied des installations, désormais fermé. La banderole ornée des logos du “Torino Olympic Park” et barrée de l’inscription “Bienvenue !” paraît narguer les candidats à un voyage dans les sites olympiques abandonnés de la ville italienne.

    Les tremplins ne sont pas les seules infrastructures ainsi délaissées. Toutes les installations de sports alpins de Turin 2006 (le ski de fond à Pragela, le biathlon à San Sicario, la piste de bobsleigh de Cesana, qui a coûté 61,4 millions d’euros et qui pourrait fermer d’ici à la fin du mois de janvier, les pistes de descente de la Via Lattea) se trouvent dans le même état d’abandon. Plus aucune compétition ne sera disputée sur ces sites, qui sont encore flambant neufs : tout juste quatre ans d’âge. Ils ont disparu de la programmation des rendez-vous internationaux, avec de graves préjudices pour l’économie locale et pour l’image d’une région fortement liée aux sports alpins.

    A Pragela encore, la piste olympique de ski de fond, qui a nécessité un investissement d’une vingtaine de millions d’euros pour câbler les 10 kilomètres de l’anneau olympique, créer un lac destiné à produire de la neige artificielle et acquérir 12 canons à neige, demeure inutilisée. En 2009, la piste n’a accueilli aucune compétition, qu’elle soit locale, nationale ou internationale. Le site olympique, fleuron du patrimoine italien, a été déclassé et n’est plus qu’une banale piste touristique. Idem pour les installations de biathlon de San Sicario. Le stade qui héberge le polygone de tir (le seul utilisé dans la région de Turin) est enseveli sous la neige. Coût de la construction du site : 25 millions d’euros. La piste Giovanni Agnelli de Sestrières, avec son slalom spécial pour les compétitions nocturnes, connaît le même triste sort. Les éclairages, qui ont coûté 7 millions d’euros, sont éteints. Sur la piste Alberto Tomba [ancien skieur alpin italien, artisan de la candidature de Turin pour l’organisation des JO 2006] et sur les installations olympiques alpines, la nuit est maintenant tombée.


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  • En dépit de l'erreur du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) donnant pour quasi disparus les glaciers de l'Himalaya vers 2035, le problème du recul des glaciers d'altitude est bien réel. Or ces derniers sont essentiels à l'approvisionnement en eau des vallées. Dans l'Himalaya, explique Christian Vincent, du Laboratoire de glaciologie et de géophysique de l'environnement, "on sait que (la plupart des glaciers) sont en retrait continu depuis le milieu du XIXe siècle, mais nous avons très peu de longues séries de mesures suffisamment précises pour avoir une vision nette et globale de leur avenir à l'échelle de quelques décennies".

    Ailleurs, dans les Andes notamment, la situation est mieux connue. Et plus alarmante. "Dans la Cordillère blanche, par exemple, entre 1970 et 1997, les surfaces glaciaires ont perdu 16 %. Puis encore 11 % entre 1997 et 2003, poursuit le glaciologue Robert Gallaire, de l'Institut de recherche pour le développement. C'est un phénomène qui accélère. Sur les 720 glaciers recensés en 1970, 142 avaient disparu en 2003." "En 1999, nous avions fait un forage de 16 mètres dans le glacier de Chatalcaya, en Bolivie, explique-t-il. Nous avions prévu qu'il disparaîtrait dans les dix à quinze ans, et nous l'avons en effet vu disparaître." Selon le glaciologue, il n'est pas alarmiste d'affirmer que "tous les glaciers andins en dessous de 5 500 mètres d'altitude auront disparu d'ici à une quinzaine d'années tout au plus".

    Stéphane Foucart, Le Monde 28/01/10

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  • "La Ferme célébrités en Afrique" de la même veine que Tintin au Congo ? Un éditorial de l'hebdomadaire Jeune Afrique lance le débat et fustige "la litanie de clichés éculés sur l’Afrique dans les médias généralistes occidentaux ". Arrêt sur images a visionné l'intégralité de l'émission, et en a sélectionné les poncifs les plus savoureux.

    Pendant dix semaines, cette émission de télé-réalité proposera à 16 "célébrités" de s'occuper d'animaux sauvages dans une ferme de la réserve de Zulu Nyala en Afrique du Sud. Parmi les "célébrités" en question, on trouve le chanteur et comédien David Charvet, l'ex-Miss Paris destituée pour photos sulfureuses Kelly Bochenko et le chanteur Francky Vincent. Lors de la première émission de vendredi dernier, les clichés s'enchaînent. L'un des animateurs présents sur place s'extasie sur le raccordement de la fameuse ferme au réseau électrique, tandis que la production en fait des tonnes sur les dangers de la faune locale. A un autre moment de l'émission, l'un des deux présentateurs, Benjamin Castaldi, explique qu'un chef de village lui aurait proposé de se marier avec sa fille contre 11 vaches.

    Les seuls Africains qui apparaissent à l'écran sont des danseurs ou... les animaux de la jungle.

    (Par Guillaume Stoll et Jean-Louis Dell'Oro, arretsurimages.net )

    Pour TF1, l'Afrique ça pique

    (par Marwane Ben Yahmed, Jeune Afrique, 01/02/2010)

    Combien de temps faudra-t-il encore subir la litanie de clichés éculés sur l’Afrique dans les médias généralistes occidentaux ? Déjà si souvent réduit à son manque d’atomes crochus avec la démocratie, à sa pauvreté généralisée, à ses guerres ethniques ou à son goût prononcé pour la corruption, le continent n’a-t-il pas évolué au cours des derniers lustres pour qu’on le caricature encore, en 2010, comme une terre d’aventure hostile, peuplée de hardes d’animaux sauvages et dangereux, où la température ne descend jamais au-dessous de 45 °C et où les moustiques sont avides du sang frais des petits Blancs ?

    Quatre-vingts ans après Tintin au Congo – Hergé avait au moins l’excuse d’être, si l’on peut dire, de son époque –, la chaîne privée française TF1 (la première d’Europe) vient de relancer un programme de téléréalité qui, cette fois, flirte dangereusement avec les poncifs racistes. Son nom : « La Ferme Célébrités ». Réunir seize ersatz de sous-vedettes (si, si, c’est possible) pour les filmer 24 heures sur 24 en train de traire des vaches ou de nettoyer une écurie n’élève déjà pas particulièrement l’esprit. Mais le divertissement en question propose, à l’occasion de sa troisième édition, de quitter la campagne française pour poser ses bagages dans la réserve naturelle de Zulu Nyala, en Afrique du Sud. « ça va être chaud ! » comme l’écrit un très sérieux quotidien parisien : brousse, savane, bestioles et… maladies. Interrogés par la presse hexagonale, que cet exotisme inattendu interpelle visiblement, les deux animateurs vedettes de l’émission, que nous ne citerons pas, par charité, enchaînent les perles consternantes sans que personne n’y trouve à redire : « Entre les animaux qui piquent et la température qui dépasse 50 °C, les candidats ne vont pas être ménagés » ; « Notre rôle est de voir comment ils vont survivre en Afrique » ; « Qu’y a-t-il de mal à partir en Afrique pour voir des animaux et rigoler un peu » ; ou encore : « Les papillons ont la taille d’un deltaplane »… Angela Lorente, Madame Téléréalité chez TF1, elle, a rassemblé ses neurones pour résumer l’objectif du programme : « On va jouer sur l’hostilité, c’est ça le but en les emmenant en Afrique. Avec les animaux, on a tous les ingrédients pour faire un bon divertissement »… Fort heureusement, les concepteurs de l’émission n’ont pas songé à introduire quelques êtres humains, même pour séduire la fameuse ménagère de moins de 50 ans. Sinon, nous aurions eu droit à des autochtones cannibales vêtus de peaux d’antilopes… Bref, le pire est à craindre pendant les dix semaines que va durer ce bêtisier à ciel ouvert.

    Le racisme ordinaire, qui se nourrit essentiellement de l’ignorance, avait-il besoin d’une telle publicité ?


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  • (article du Figaro, Laure Daussy)

    L'Académie de médecine relance le débat sur la réforme mise en place à la rentrée 2008 en publiant un rapport, qui fustige la suppression du samedi qu'elle juge nocive pour le rythme des enfants.

    Le constat est sans appel : pour l'Académie de médecine, l'aménagement du temps scolaire en France «n'est pas en cohérence avec les rythmes biologiques de l'enfant». Et ce «à tous les niveaux de l'organisation, journée, semaine ou année scolaire». En particulier dans le cas de la semaine de quatre jours dans le primaire. La France est le seul pays européen à avoir adopté ce rythme, à la rentrée 2008, et ce malgré de nombreuses protestations de chronobiologistes.

    L'académie a donc créé un groupe de travail, qui a consulté plusieurs acteurs de l'école, ainsi que des chercheurs spécialistes des rythmes biologiques de l'enfant. Résultat, elle constate qu'avec la semaine de quatre jours, «la vigilance et les performances » des élèves sont en baisse le lundi et le mardi, à cause de la coupure du week-end. L'élève est «désynchronisé les deux premiers jours de la semaine», explique le rapport. Autrement dit, son rythme biologique n'est plus respecté, puisqu'il reste calé sur son rythme du week-end, ce qui provoque une grande baisse d'attention. Elle propose donc d'aménager la semaine sur au moins quatre jours et demi, avec cours le samedi matin, ou même sur cinq jours.

    Autre conséquence de la semaine de quatre jours, la journée scolaire trop chargée. Un petit Français travaille ainsi deux heures de plus par jour par rapport à un petit Suédois, rappelle l'académie. D'autant que peuvent s'y ajouter deux heures de soutien scolaire pour les plus faibles. «La journée scolaire de 8h30 à 16h30 devrait être améliorée en brisant ces horaires conventionnels pour organiser une journée moins longue » prône l'académie, qui conseille 5 heures maximum de cours par jour, avec éventuellement une heure d'étude pour éviter aux enfants d'avoir à effectuer ses devoirs le soir à la maison.

    La FCPE, principale Fédération de parents d'élèves, s'estime confortée, par «ce rapport de scientifiques», dans son opposition répétée à la semaine de quatre jours. Du côté du ministère de l'Education nationale, on rappelle que la décision de passer à la semaine de quatre jours se fait au cas par cas, dans chaque école, à l'issu d'un vote du conseil d'école, dans lequel siègent les représentants de la direction, des enseignants et des parents d'élèves. «95% des écoles ont fait ce choix», constate le ministère, qui souligne que la réforme semble convenir aux parents. La FCPE pointe ici la contradiction, entre ce qui «correspond à des envies d'adulte», comme le fait d'avoir un week-end complet, mais pas «au besoin des élèves». Contactée par lefigaro.fr, la FCPE affirme «avoir obtenu du ministère de l'Education nationale l'engagement, en décembre dernier, d'une réflexion sur les rythmes scolaires de l'enfant». Mais aucune date n'a été pour l'instant définie.

    Le débat sur la semaine de quatre jours pourrait donc être rouvert. Pas forcément pour revenir à des cours le samedi matin, interdit désormais par décret, mais peut-être pour généraliser le travail le mercredi matin, déjà pratiqué par certaines écoles, afin de réduire le nombre d'heures de cours par jour.

    Plus de vacances à la Toussaint

    Dans ses recommandations, l'académie conseille aussi de prendre en considération les différences de capacité d'attention de l'enfant tout au long de la journée, et appelle à ce que les matières difficiles soient enseignées au moment où la performance intellectuelle de l'enfant est censée être la meilleure, c'est-à-dire entre 10 et 11 heures, et de 15 à 16 heures. Inversement, les moins propices sont les débuts de matinée et d'après-midi.

    Pour tenir compte des données biologiques de l'enfant, il faudrait, selon le rapport, une année scolaire plus étendue, de 180 à 200 jours, contre 144 aujourd'hui dans le primaire, quitte à réduire les grandes vacances. Et une alternance de sept semaines de cours et deux semaines de congé. Ainsi, à l'automne, période difficile pour l'enfant, les vacances de Toussaint devraient être étendues à 2 semaines au lieu de seulement 10 jours.

    Le rapport attire par ailleurs l'attention sur le «rôle primordial» du sommeil dans le rythme de l'enfant, dont une privation peut entrainer une «altération des capacités d'apprentissage». Elle préconise même de considérer le sommeil comme un sujet de santé publique, «au même titre que le tabac ou l'alcool». Et propose de «retarder l'entrée des enfants en classe en créant une période intermédiaire d'activités calmes en début de matinée, car l'enfant arrive fatigué à l'école». Elle souligne aussi la fatigue due à un excès d'activités de l'enfant, que ce soit des cours de sport le soir ou du soutien scolaire.

    Et l'académie de fustiger que, si plusieurs facteurs sociaux et économiques sont pris en compte pour élaborer le rythme scolaire, comme «des habitudes sociétales de week-end», «l'enfant n'est pas au centre de la réflexion». Elle préconise ainsi la création d'un observatoire des rythmes de l'enfant.


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  • LeMonde.fr - 26.01.10 - Chronique d'abonnés

    Électricité nucléaire, mon Amour par Sonia Marmottant

    Oh mon amour, mon doux, mon tendre, mon merveilleux amour, de l'aube claire jusqu'à la fin du jour, je t'aime encore, tu sais... Ainsi résonne la Chanson des vieux amants de Brel. Mais moi, mon vieil Amour nucléaire, après cinquante ans de parfait amour, je ne t'aime plus.


    Et ce n'est pas parce que tes jupons et tes corsets de béton sont troués, même s'il est vrai que te payer une nouvelle garde robe, à 5 ou 6 milliard l'EPR, c'est un peu cher... Car rien n'est trop beau pour celle qu'on aime. Et ce n'est pas parce que tu as des lubies, des espérances chimériques, comme tes rêves de générateurs de 4ème génération ou de transmutations, qui m'ont coûté déjà des dizaines de milliards. Tu ne sais pas renoncer à tes illusions de jeunesse, mon Amour, cela fait partie de ton charme un peu fou !

    Ce n'est pas non plus parce que je me méfie de tes nouveaux serviteurs, parfois plus soucieux de faire des économies que d'assurer ta sécurité. Pourvu que le gendarme ASN reste auprès de toi, espérons que ton carrosse de plomb et d'uranium tiendra la route ! Ce n'est pas non plus parce que ta jeune sœur, Électricité renouvelable, serait plus belle. Même avec tes rides, tu tiens la comparaison, face à ses éoliennes qui fleurissent comme les boutons sur le visage des adolescentes. Quant à ses longs rubans de panneaux solaires, qu'elle traîne après elle sur les flancs des montagnes et les dunes désertiques, ils n'ont rien à envier aux pylônes de tes lignes à haute tension.

    Non, si mon amour s'en va, c'est parce que je vois enfin ta vraie nature, après des années d'aveuglement et de passion. J'aimais en toi la fée Électricité, la fille de la Matière et de l'Univers, mais je ne savais pas qu'à ton baptême les trois Parques, la Mort, la Maladie et la Guerre, avaient tenu le rôle de marraines.

    Toi et moi, mon Amour, nous avons voyagé et nous nous sommes aimés à travers le Monde entier. Des confins de l'Asie aux déserts de l'Afrique, en passant par le Japon et l'Amérique, nous avons planté les racines et ensemencé de notre amour la planète entière. Nous avons fait des rêves merveilleux, de progrès humain, de conquêtes scientifiques et de pouvoir technologique. Le soir, sous des lampadaires plus nombreux que les étoiles, nous évoquions la paix, la sécurité et le confort que nos efforts conjugués répandraient sur les peuples humains. Mais je me suis retourné et j'ai vu grimacer les enfants que nous avons laissé grandir derrière nous.

    En Afrique, les mines d'uranium souillent en catimini les rares eaux potables et terres habitables du Gabon et du Niger. En Mer du Nord, tous les sept ans, La Hague et Sellafield se rient d'avoir fait autant de mal que Tchernobyl sans que personne ne les remarque. En Irak, en Afghanistan, en Serbie, en Bosnie, au Kosovo, notre armement à l'uranium appauvri livre une guerre chimique secrète aux habitants, qui respirent et avalent l'immortelle poussière radioactive laissée par les explosions.
     
    En France, bientôt, le démantèlement des centrales mettra sur le marché du recyclage des tonnes de matériaux contaminés qui pourront se cacher dans les habitations et les objets les plus banals. Partout dans le monde, dissimulés dans des hangars ou enterrés sous des collines, des milliers de containers radioactifs attendent que la rouille ou quelque autre accident vienne libérer les poisons violents qu'ils renferment : ils ne sont pas pressés d'accomplir leur forfait, dans trois cents ans ou dans dix mille ans ils seront toujours vivants.

    Mon Amour, nos enfants ne ressemblent pas aux fées, mais aux sorcières de ton baptême. Je me suis trompé, et j'en ai fini de croire en toi. Même quand tu me dis que tu vas me sauver du réchauffement climatique ! Je te connais assez bien pour savoir que tu es aussi gourmande en pétrole qu'en argent frais ! Avec tous ces camions blindés et ces croisières au long cours que tu affrètes pour tes déplacements personnels, et ces palaces de béton et de métal que tu te fais construire toujours plus épais et plus chers, tu aimes trop la dépense pour supporter la concurrence des Vertus salvatrices que sont Efficacité énergétique et Économie d'énergie... Non, tu ne m'auras plus, vieille sorcière, je t'ai démasquée !

    Oh, je t'entends déjà me chanter, de ta voix de sirène ensorceleuse : mais mon Amour, je ne comprends pas. Es-tu devenu fou ? Que feras-tu sans moi ? Allons, sois raisonnable : je suis irremplaçable ! Erreras-tu la nuit comme une âme en peine, avec une bougie à la main ? Te chaufferas-tu à la bouse de vache et feras-tu cuire ta soupe au feu de bois ? Jetteras-tu ton ordinateur pour reprendre tes vieux livres poussiéreux ? Conduiras-tu ta toute nouvelle voiture électrique à la décharge et seras-tu condamné au vélo ou à la marche à pied sous la pluie, et aux attentes frigorifiantes sous les arrêts de bus et sur les quais de gare ? Mon Amour, qui prendra soin de toi ? Pas les horribles centrales à charbon... Donc qui ? Dis-moi qui t'aimera comme je t'ai aimé ? Veux-tu vivre comme au XVIIIème siècle, toi qui a connu l'ivresse de la modernité ? Tu ne peux plus te passer de moi !

    Mon enjôleuse, le retour vers le passé ne me tente pas, c'est vrai. Mais, en digne héritière de l'après-guerre, tu raisonnes comme une réchappée du siècle dernier ! Ton regard borné ne peut se projeter vers les nouveaux horizons que le XXIème siècle nous ouvre. Nous ne vivrons pas demain comme nous avons vécu hier, et si j'en crois l'héritage que tu nous laisses, cela peut être pour le mieux. Je ne peux pas me passer de toi aujourd’hui, c'est vrai, mais je dénouerai un à un les fils empoisonnés qui me lient à toi, je construirai une vie nouvelle dans laquelle tu ne seras plus reine.

    S'il fait beau, j'irai à pied ou à vélo, cela me plaît. Qu'il vente et qu'il pleuve, une éolienne donnera à ma voiture l'énergie nécessaire pour me déplacer sans attraper froid. Quelques ampoules led en un tour de main m'éclaireront mieux la nuit que tes vieilles torches ne l'ont jamais fait. Mon nid douillet, bien isolé, se passera facilement de tes services, été comme hiver. Mon ordinateur n'est pas si gourmand, des panneaux solaires sur le toit et une bonne batterie suffiront. Et j'ai bien envie de manger plus de crudités et de fruits frais : cela me fortifiera et sera bien meilleur que les aliments irradiés, qui doivent moins à la Terre qu'à tes services. Enfin, pour ce qui est d'aimer, chacun sait que cela se fait mieux avec la télé en panne et un dîner aux chandelles !

    D'ailleurs, une de perdue, dix de retrouvées : comme j'aimerais regarder, en pleine mer, onduler les cheveux d'Énergie marémotrice ; quelle volupté de me chauffer auprès des turbines de Géothermie ; et mes vieilles maîtresses Électricité Hydraulique et Biomasse, j'aurais toujours autant de plaisir à les voir se jouer de l'eau ou transformer en or le plomb des déchets... Et ce n'est pas tout : car partout naissent de nouvelles féeries. Ici, d'étranges fleurs artificielles capteront la chaleur du soleil, là le bois des forêts savamment entretenues allumera des centaines de feux de joie, ailleurs, le compost se transformera en gaz...
    Tu vois, mon Amour, je peux très bien me passer de toi !
     
    Sonia Marmottant

    P.S.
    Extraits à méditer :
    - « Par euro dépensé, les nouvelles centrales [nucléaires] permettront 2 à 20 fois moins d’émissions de CO2 en 20 à 40 fois plus de temps que l’efficacité énergétique couplée à des énergies renouvelables. » Amory Lovins, président du Rocky Mountain Institute, Libération, 16/05/2009.
    - « En maintenant ou en augmentant la part du nucléaire, la France ne pourra réduire ses émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2050 que d'un facteur 2,7 au mieux, alors que l'objectif est une diminution de facteur 4. » Yves Marignac, consultant en politiques énergétiques, membre de l'association négaWatt, Table ronde du 5 décembre 2009, L'énergie nucléaire : énergie de transition ou énergie du futur ?, salon Naturissima à Grenoble.
    - « Nous pouvons diminuer nos dépenses d'électricité de 90 % en utilisant des technologies plus efficaces. » Lester Brown, fondateur de l'Earth Policy Institute, in Hors-Série Sciences et Avenir n °161, janvier-février 2010.

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  • Cette histoire a "complètement électrisé la vie politique et médiatique" et a fait "un peu oublier une chose essentielle, qui était que cette société qui s'appelle Clearstream, dont le siège était à Luxembourg, a ouvert des milliers de comptes dans les paradis fiscaux" (Denis Robert, nouvelobs.com)

    Saluons ici la relaxe du journaliste Denis Robert dans "l'affaire Clearstream."


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  • * On s'en fout: Jean-Michel Larqué a sorti un livre.

    * Le sommet de Davos s'en fout:

    Des dizaines de milliers de puits d’eau seraient contaminés à l’arsenic au Bangladesh. Selon les mots de l’Organisation mondiale de la Santé, il s'agit du plus grand empoisonnement collectif de l’histoire, causant 20.000 morts par an, et 1 décès d’adulte sur 10. Le scandale de "l'eau du diable" frappe l’un des pays les plus pauvres de la planète et certains spécialistes comparent ce désastre à Bhopal ou à Tchernobyl...

    Reportage de Guillaume Thibault Et pourtant elle tourne, France Inter


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