• La fin du nucléaire

    La catastrophe de trop ? “C’est un truisme”, me signale une journaliste chargée de réviser notre hebdomadaire, “toute ca­tastrophe est de trop.” Ma consœur a raison. Et pourtant on sent qu’aujourd’hui le vent tourne, qu’il y aura un avant-Fukushima et un après-Fukushima. Même si certains médias ont pu exagérer les périls (que l’on ne connaît pas encore avec exactitude), même si les Japonais font montre, comme toujours, d’un courage, d’une cohésion et d’un fatalisme extraordinaires (difficile ces derniers jours de trouver dans la presse nippone des articles critiques), il n’en reste pas moins que le mot “nucléaire” passe désormais pour un gros mot, synonyme de danger et non pas d’énergie propre.

    En Europe, et notamment en France, ce qu’il est convenu d’appeler le lobby nucléaire reste puissant, note Der Spiegel. Lorsque, au début des années 2000, le gouvernement allemand – qui était alors social-démocrate et vert – avait décidé de la fin du nucléaire civil, Paris avait fait le dos rond. La crise énergétique de 2008 et la montée du prix du pétrole allaient permettre aux partisans du nucléaire de reprendre du poil de la bête. En 2009, la chancelière Angela Merkel enterrait donc sine die cette idée d’abandon du nucléaire civil, à la grande joie des Français.

    Il faudrait au minimum proposer aux peuples un choix par référendum entre la peste et le choléra, entre un changement de vie et la poursuite de l’industrie nucléaire. Mais présenter clairement l’alternative n’est pas simple. Car un séisme de grande amplitude (“The Big One”),  une explosion de réacteur ou toute autre tragédie, sans parler d’une bombe terroriste, ce sont des “événements trop grands pour être conçus par l’homme”, pour re­prendre les mots du penseur allemand Günther Anders dans un remarquable essai de 1993, La Menace nucléaire. Voilà pourquoi il faut parler de la “catastrophe de trop”. Savez-vous que “catastrophe” en grec signifie : retournement final d’une tragédie ? Autrement dit, point ultime où le destin se révèle complè­tement. La tragédie du nucléaire, commencée à Hiroshima dans son versant militaire en 1945, se termine peut-être, pour le versant civil, sur le même sol, au nord de Tokyo cette fois.

    Philippe Thureau-Dangin, Courrier international, 17/03/2011

    Consulter les citoyens par réferendum sur le nucléaire n'est pas du tout un choix entre la peste et le choléra. Le nucléaire produit de l'énergie en grandes quatités certes, mais il faut aussi se poser la question suivante: ne pourrait-on pas économiser l'énergie ? Notre mode de vie est énergétivore: centres commerciaux gigantesques, gadgets électroniques, pièces surchauffées, généralisation de la climatisation... toutes choses dont il est facile de se passer!

    CS


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