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  • Le projet de loi, qui devrait être soumis au vote des députés avant l’été, provoque la colère unanime des organisations religieuses sur l’archipel et à l’étranger.

    LE MONDE | 27.03.2018

    S’il est adopté, le texte, en cours d’examen à l’Althingi, fera de l’Islande le premier pays européen à interdire la circoncision. L’ablation du prépuce d’un mineur, sans raison médicale, sera alors passible d’une peine allant jusqu’à six ans d’emprisonnement. Proposé par la députée de centre droit Silja Dögg Gunnarsdóttir, il est soutenu par cinq formations au Parlement, y compris le parti vert de la première ministre, Katrin Jakobsdottir.

    Le projet de loi fait un parallèle avec l’excision, déjà interdite dans la plupart des pays européens et en Islande depuis 2005. Il met en avant « les droits de l’enfant » et soutient que l’intervention est en général pratiquée sans anesthésie, dans « des maisons qui ne sont pas stériles et par des leaders religieux qui ne sont pas médecins », entraînant de « hauts risques d’infection qui peuvent mener à la mort ».

    Selon un sondage publié le 1er mars, la moitié seulement des Islandais sont favorables à une interdiction, qui affectera principalement les communautés juive et musulmane de l’archipel, soit respectivement environ 250 et 1 500 personnes, sur une population totale de 336 000 habitants.

    « Criminalisation »

    Tous les leaders religieux islandais s’y opposent. L’imam Mansoor Ahmad Malik craint l’essor de la clandestinité, qui pourrait entraîner des risques pour l’enfant. Le rabbin Avi Feldman, attendu en Islande d’ici à la fin de l’année, fait part de sa « grande inquiétude », tandis que les évêques des églises catholique et luthérienne mettent en garde contre « la persécution des individus pour des motifs religieux » et la « criminalisation » de l’islam et du judaïsme.

     


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  • Sud-Ouest-Dimanche, 25 mars 2018

    Les sentinelles du désastre

    Bloqué jeudi à Paris par cette journée de grève et de défilés, j’ai surtout pensé aux professions qu’une logique pressure et, à la limite, démolit peu à peu. Je pense bien sûr aux infirmières, aux aides-soignantes et à ces milliers de femmes qui tiennent à bout de bras les établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). Certes, je n’ai pas oublié les autres catégories sociales, mais celles-là sont emblématiques de ce qu’il faut bien appeler une pathologie de la rentabilité.
    Comment parviennent-elles à tenir le coup ? Quel courage les habite pour, jour après jour, veiller sur les personnes âgées dont elles ont la charge en étant obligées de compter les minutes, voire les secondes. Toilette, ménage de la chambre, soins, rangement... Ces sentinelles du désastre sont au bord de l’épuisement et du désespoir. Elles sont emblématiques d’une fracture effarante.
    Seuls les myopes volontaires oublient de prendre la mesure du gouffre qui s’accroit aujourd’hui entre le monde des décideurs et commentateurs (dont nous faisons partie) et ceux qu’on appelle, avec une once de dédain, les « classes populaires ». Entre ces deux univers, la distance approche aujourd’hui du point de rupture. Tandis qu’on disserte à l’infini sur les chances de Tartempion à telle élection partielle, pendant qu’on fait doctement l’exégèse du énième sondage, ou que l’on compte sur ses doigts le nombre de manifestants dans un défilé, un immense frisson traverse la France entière. Il est chargé d’humiliations refoulées, d’injustices ravalées, d’épuisement conduisant au « burn-out ».
    Une telle barbarie sociale est imposée par une arithmétique comptable sottement appliquée. Elle apparaît plus inimaginable encore quand on la rapproche d’autres données chiffrées. Veut-on un exemple ? Ces dernières semaines nous avons appris que les profits engrangés par les entreprises du CAC 40 avaient augmenté de 26,5 % en 2017 et battu un record : cent milliards d’euros ! Du jamais vu depuis 2007. Mais ce chiffre reste abstrait. Rendons le plus concret. Il représente plus de dix fois le budget du ministère de la santé (9 milliards) ; il correspond à quatorze fois celui du ministère de la justice (7 milliards) et presque trois fois celui de la Défense nationale (34,2 milliards).
    Les privilégiés sont hyper-riches, les états sont pauvres. Ce n’est pas tout. Un champ de bataille est négligé, celui du langage. Si les citoyens n’écoutent plus les discours ; s’ils boudent l’homélie répétitive des grands médias, c’est — aussi — parce qu’une langue commune est en ruine. À côté des nouveaux milliardaires que les peuples accusent de leur avoir fait les poches, ont pris place leurs complices : les voleurs de mots. Dans une démocratie d’opinion, le langage et le vocabulaire deviennent des lignes de front. C’est là qu’il faudrait monter la garde.
    Les exemples ne manquent pas : la façon dont le mot « populisme » a été transformé en arme de dissuasion massive contre les peuples ; le tour de bonneteau qui a permis de remplacer le mot « capitalisme » par celui, moins répulsif, de « libéralisme » ; la formule « cercle de la raison » inventée jadis par Alain Minc pour faire croire aux citoyens que les marchés étaient plus raisonnables que les élus, etc. Ajoutons les risibles éléments de langage fournis aux ministres en exercice et qui transforment ces derniers en robots radoteurs de la « Guerre des étoiles ».
    Au mot gouvernement, on préfère celui de « gouvernance » ; à la réglementation, on a substitué la « régulation » ; quant à la volonté politique elle se voit rebaptisée « volontarisme ». Ces trois mutations terminologiques ont été benoîtement acceptées par tous, à droite comme à gauche. Misère ! Elles surdéterminent le patois politique ordinaire. De cette façon, par le truchement du langage, on peut désarmer en douceur n’importe quelle démocratie. Comment ? En l’empêchant mentalement de résister au despotisme irréfléchi du marché.
    Au secours !

    Jean-Claude Guillebaud


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  • Les disparitions d’espèces ont été multipliées par 100 depuis 1900, soit un rythme sans équivalent depuis l’extinction des dinosaures il y a 66 millions d’années

    L’érosion continue de la vie sauvage met en danger les conditions de vie des populations, alertent les experts mondiaux de l’IPBES, le « GIEC de la biodiversité ».

    LE MONDE | 23.03.2018 à 14h00 

     

    Partout sur la planète, le déclin de la biodiversité se poursuit, « réduisant considérablement la capacité de la nature à contribuer au bien-être des populations ». Ne pas agir pour stopper et inverser ce processus, c’est mettre en péril « non seulement l’avenir que nous voulons, mais aussi les vies que nous menons actuellement ». Tel est le message d’alerte délivré par la Plate-Forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), réunie du 17 au 24 mars à Medellin (Colombie), pour sa 6e session plénière.

    Créée en 2012 sous la tutelle des Nations unies et rassemblant aujourd’hui 129 Etats, cette structure est qualifiée de « GIEC de la biodiversité », en référence au Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Sa mission est d’établir régulièrement la synthèse des connaissances disponibles sur la biodiversité (la variété des formes de vie sur la Terre), sur les impacts de son érosion et sur les pistes d’action possibles pour la préserver.

    Elle livre le résultat d’un travail colossal, qui s’est étalé sur trois années. L’IPBES a divisé le globe en quatre régions : l’Afrique, les Amériques, l’Asie-Pacifique et l’Europe-Asie centrale – à l’exception, donc, des pôles et des océans. Chacune a fait l’objet d’un rapport de 800 à 1 000 pages, réalisé par plus de 550 experts bénévoles de 100 pays, à partir de plus de 10 000 publications scientifiques, mais aussi de sources gouvernementales ou non gouvernementales, ou encore de savoirs autochtones.

    Pour chaque zone géographique, cette analyse est synthétisée dans un « résumé à l’intention des décideurs » d’une quarantaine de pages, négocié mot à mot et voté par les représentants des Etats membres. C’est ce document, qui constitue une sorte de consensus politique, qui doit servir de base à l’action des gouvernements, même s’il n’a pas de valeur contraignante.

    « Au cœur de notre survie »

    « La biodiversité et les contributions apportées par la nature aux populations semblent, pour beaucoup, éloignées de nos vies quotidiennes. Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité, observe le président de l’IPBES, le Britannique Robert Watson. Elles sont le socle de notre alimentation, de notre eau pure et de notre énergie. Elles sont au cœur non seulement de notre survie, mais aussi de nos cultures, de nos identités et de notre joie de vivre. »

    On pourra juger restrictive cette approche, qui envisage la nature à l’aune des seuls services qu’elle rend à l’humanité, sans considérer que la survie des espèces animales et végétales est en elle-même précieuse. Mais l’objet des quatre rapports est de sensibiliser l’opinion et les décideurs à une chute de la biodiversité qui « met en danger les économies, les moyens d’existence, la sécurité alimentaire et la qualité de vie des populations partout dans le monde ». Aucune des régions étudiées n’échappe à une régression spectaculaire de sa faune et de sa flore, avec des projections alarmantes.

    • Afrique

    « L’Afrique est le dernier endroit sur Terre avec un large éventail de grands mammifères, mais jamais par le passé il n’y a eu autant de plantes, poissons, amphibiens, reptiles, oiseaux et grands mammifères menacés qu’aujourd’hui, par une série de causes humaines et naturelles », note la chercheuse sud-africaine Emma Archer. Quelque 500 000 km2 de terres sont déjà dégradées du fait de la déforestation, de l’agriculture non durable, du surpâturage, des activités minières, des espèces invasives ou du réchauffement.

    Cela, alors qu’en zone rurale la subsistance de plus de 62 % des habitants dépend de la bonne santé des milieux naturels et que la population du continent est appelée à doubler d’ici à 2050, pour atteindre 2,5 milliards de personnes. Le défi est immense : à la fin du siècle, certaines espèces de mammifères et d’oiseaux pourraient avoir perdu plus de la moitié de leurs effectifs, et la productivité des lacs (en poissons) avoir baissé de 20 % à 30 %, en raison du dérèglement climatique.

    • Asie-Pacifique

    En Asie-Pacifique, la biodiversité est confrontée à des menaces sans précédent, allant des phénomènes météorologiques extrêmes et de l’élévation du niveau de la mer aux espèces exotiques envahissantes, à l’intensification de l’agriculture, à la surpêche et à l’augmentation des déchets et de la pollution. Malgré quelques succès pour protéger ces écosystèmes vitaux – les aires marines protégées ont augmenté de 14 % en vingt-cinq ans et le couvert forestier a progressé de 23 % en Asie du Nord-Est –, les experts craignent qu’ils ne suffisent pas à enrayer le déclin de la biodiversité et des services que retirent les 4,5 milliards d’humains qui vivent dans ces pays.

    Aujourd’hui, 60 % des prairies d’Asie sont dégradées, près de 25 % des espèces endémiques sont menacées et 80 % des rivières les plus polluées par les déchets plastiques dans le monde se trouvent dans cette zone. Si les pratiques de pêche se poursuivent au même rythme, la région ne comptera plus de stocks de poissons exploitables d’ici à 2048. Jusqu’à 90 % des coraux souffriront d’une grave dégradation avant le milieu du siècle.

    • Amériques

    Sur le continent américain aussi, l’impact du dérèglement climatique sur la biodiversité va s’intensifier d’ici au milieu du siècle, devenant un facteur de déclin aussi puissant que le changement d’affectation des terres. Les populations d’espèces indigènes ont décru de 31 % depuis la colonisation par les Européens, et ce taux pourrait monter à 40 % au milieu du siècle. Par rapport à leur état originel, plus de 95 % des prairies d’herbes hautes d’Amérique du Nord, 50 % de la savane tropicale et 17 % de la forêt amazonienne en Amérique du Sud ont été transformés en des paysages dominés par l’homme.

    Les auteurs notent que, jusqu’ici, « les peuples autochtones et les communautés locales ont créé une diversité de systèmes de polyculture et d’agroforesterie » qui ont bénéficié à la biodiversité. Mais ces savoirs locaux sont eux aussi en voie d’extinction.

    • Europe-Asie centrale

    Enfin, en Europe et Asie centrale, la situation n’est guère meilleure : 42 % des animaux terrestres et des plantes ont enregistré un déclin de leurs populations au cours de la dernière décennie, de même que 71 % des poissons et 60 % des amphibiens.

    La première cause de cette hécatombe réside dans l’intensification de l’agriculture et de l’exploitation forestière, et particulièrement dans l’usage excessif de produits agrochimiques (pesticides, engrais). Résultat : la région consomme plus de ressources naturelles renouvelables qu’elle n’en produit, l’obligeant à en importer massivement d’autres zones du monde. Le rapport souligne aussi le rôle du changement climatique, qui sera l’un des principaux fléaux pesant sur la biodiversité d’Europe et d’Asie centrale dans les prochaines décennies.

    Audrey Garric et Pierre Le Hir
     


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    "Pilule" de Damien Saez

    "La dette nous guette" de 12viesdaniel

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    Les liens :

    Le blog du Monde Diplomatique avec l'article de Frédéric Lordon.

    L'AG de 500 cheminot-e-s pour la reconductible du 3 avril


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